Rapport de la Fondation Abbé-Pierre : le non-logement

Xavier Frison  • 1 février 2007 abonné·es

Le logement précaire a connu ses heures de gloire, place au non-logement… Le rapport 2007 de la Fondation Abbé-Pierre sur l’état du mal-logement en France, présenté le 1er février, adopte pour la première fois l’expression « non-logement » pour qualifier la situation actuelle de l’habitat. Fustigeant le manque de « volonté politique » indispensable à une sortie pérenne de la crise de l’habitat, la fondation observe avec circonspection la nouvelle loi en préparation. « La vigilance reste de mise » au sujet de ce texte, tant la situation actuelle, malgré la batterie de lois déjà existantes, est dramatique : « Le non-logement est souvent synonyme d’un non-recours aux droits, même les plus élémentaires. C’est le droit au logement de manière générale qui est ici mis à mal », dénonce le rapport.

Facteur aggravant, le non-logement est synonyme de rupture : « Rupture des liens sociaux avec son employeur, sa famille et ses amis, distance par rapport à la société quand bénéficier d’équipements publics ou accéder aux commerces ou à un médecin devient un problème, mais aussi sentiment de honte et d’échec qui accompagne la lente marginalisation que génère le non-logement. » In fine , les non-logés « n’ont droit ni à la tranquillité ni à la sécurité » .

Pourtant, le non-logement a un coût « qui peut être prohibitif » . Il faut « louer » les logements de substitution sans pouvoir bénéficier des aides sociales et pallier le manque de confort par des services très coûteux : « Il faut chauffer, amener de l’eau ou encore assurer son hygiène par des services payants. Même l’hébergement chez des proches se paie parfois très cher pour faire face aux contreparties demandées par les hébergeants. » En clair, « être sans logement coûte parfois plus cher que d’en avoir un. » Un phénomène qui relève, selon la Fondation Abbé-Pierre, de « la faillite des politiques publiques » destinées à combattre la crise du logement. Tout reste à faire.

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