« Une immigration utile aux deux pays »

Malek Boutih est délégué aux questions de société au parti socialiste.

Clotilde Monteiro  • 8 février 2007 abonné·es

Votre rapport sur l’immigration est-il resté lettre morte au sein du PS ?

Malek Boutih : Je n’ai jamais pensé qu’il serait immédiatement suivi d’effet. La question de l’immigration n’est pas consensuelle, il faut donc du temps pour faire avancer le débat. Mais je pense avoir fait bouger les lignes dans le sens où, désormais, nous sommes sortis de la position d’intégration des étrangers présents sur le sol français, accompagnée de la chasse à l’immigration clandestine. Ce qui était la position historique de la gauche à cause des problèmes de chômage.

Vous prônez une politique de quotas. N’est-ce pas un voeu pieux que de persister à vouloir empêcher les étrangers de pénétrer sur le territoire ? N’est-ce pas une obsession de droite ?

Je pense que c’est une idée simpliste que de prétendre qu’il n’y a que deux possibilités pour réguler les flux migratoires : soit on ferme, soit on ouvre nos frontières. Il me semble que plus personne ne défend cette idée-là. Le discours libéral prévoit une utilisation de la main-d’oeuvre étrangère au gré des besoins et aux conditions imposées par l’État et le patronat. Une politique d’immigration de gauche se préoccupe au contraire des enjeux de l’économie française ­ c’est-à-dire les besoins des employeurs et des salariés français ­, mais aussi des intérêts des immigrés eux-mêmes et de leur pays d’origine.

En quoi le codéveloppement peut-il permettre de réguler les flux migratoires ?

On ne peut plus persister à considérer l’immigration, comme dans les années 1960, comme un palliatif de la main-d’oeuvre manquante. On a accepté l’idée que le phénomène migratoire sera permanent et qu’il pourrait même s’amplifier. Si l’immigration est régulée, elle devient utile aux deux pays, au pays du migrant et au pays d’accueil.
La question de l’immigration est désormais appréhendée au PS sous l’angle de la coopération entre la France et les pays d’Afrique. Ségolène Royal a posé des jalons au Sénégal pour qu’on arrive progressivement à mettre en place le cadre de cette coopération avec les pays clés du problème

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« J’aimerais qu’on combatte le système qui rend les étrangers fous »
Témoignage 18 décembre 2025 abonné·es

« J’aimerais qu’on combatte le système qui rend les étrangers fous »

À l’occasion de la Journée internationale des migrants ce 18 décembre, des collectifs appellent à une grève antiraciste, la « Journée sans nous ». Politis a rencontré Ousmane, sans-papiers guinéen. Il raconte la mécanique d’un système « qui profite des sans-papiers » et les pousse à bout.
Par Pauline Migevant
« Le mérite existe-t-il ? » : notre sélection pour aller plus loin
Sélection 17 décembre 2025

« Le mérite existe-t-il ? » : notre sélection pour aller plus loin

Une sélection de la rédaction de Politis, pour compléter la lecture du numéro spécial « Vouloir n’est pas pouvoir. Le mérite extiste-t-il ? », à retrouver sur la boutique en ligne ou sur le site du journal.
Par Politis
Kaoutar Harchi, Dylan Ayissi : « Le mérite est une notion piège »
Entretien 17 décembre 2025 abonné·es

Kaoutar Harchi, Dylan Ayissi : « Le mérite est une notion piège »

Dans un entretien croisé, l’autrice et sociologue et le président de l’association Une voie pour tous remettent en question la notion de mérite dans un système scolaire traversé par de profondes inégalités.
Par Kamélia Ouaïssa et Hugo Boursier
« Morning routine » pour devenir millionnaire : les coulisses du coaching en ligne
Mode 17 décembre 2025 abonné·es

« Morning routine » pour devenir millionnaire : les coulisses du coaching en ligne

Sur Instagram et TikTok, les publications ayant trait au développement personnel pullulent. Elles signalent l’individualisme d’une société marquée par le déficit de solutions collectives.
Par Hugo Boursier