Bouillonnement

Michel Portal a enregistré une suite à « Minneapolis ». Nettement plus réussie.

Jacques Vincent  • 22 mars 2007 abonné·es

L’an passé, Michel Portal fêtait ses cinquante ans de scène. Cinquante années marquées par des expériences diverses : free jazz, musiques classique et contemporaine, musiques de films. Et une somme de collaborations telle que, si on mettait bout à bout les noms des musiciens qu’il a côtoyés, cette chronique n’y suffirait pas. Si Michel Portal ne tient pas en place, c’est déjà qu’il en occupe plusieurs. C’est aussi qu’il sait qu’on ne fait pas de musique vivante en restant planté au même endroit. Et qu’il n’y a rien de plus excitant qu’une nouvelle expérience. Même à 70 ans passés.

Il y a six ans, il se laissait convaincre par le producteur Jean Rochard d’aller enregistrer à Minneapolis avec la section rythmique de Prince et le guitariste de Living Color. Pour être dépaysé. Dépaysé, il l’a été, jusqu’à l’angoisse, avouait-il après, mais malgré tout dans une posture qu’il avait déjà connue dans la musique contemporaine et qu’il résumait ainsi : « Beaucoup d’improvisation avec des gens avec qui je n’avais jamais improvisé. » Le résultat s’est appelé Minneapolis , mais ce fut la seule évidence. Il nous a laissés sur notre faim : la sauce n’avait pas pris.

«~Birdwatcher~» en reprend les ingrédients autrement. Dans la même ville, avec une partie des mêmes musiciens, auxquels se sont joints de nombreux autres : le saxophoniste ténor Tony Malaby, le pianiste Tony Hymas, le bassiste François Moutin, on ne les citera pas tous, mais on n’oubliera surtout pas le percussionniste Airto Moréira, accompagnateur de Stan Getz et du volcan électrique de Miles Davis au tournant des années 1960-1970. En ouverture, « Nada Mas » est de cette veine : bouillonnant. Dès ce moment, c’est comme un fil qu’on tire, et toute la pelote y passe. Les basses se dédoublent, les percussions aussi, c’est une fête des rythmes dans une plénitude des formes pour une musique figurative et mystérieuse, qui engloutit totalement.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes