Déchets : le plein (ré)emploi

Une trentaine de recycleries et de ressourceries ont développé un réseau de gestion des déchets, aujourd’hui en pleine expansion.

Rémy Artignan  • 1 mars 2007 abonné·es

Dans le Réseau des ressourceries et recycleries, on appelle le traitement des déchets le « réemploi ». Et cette filière a pris de l’ampleur. En 2000, neuf structures des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie se sont regroupées pour créer ce réseau, qui compte aujourd’hui une trentaine de sites dans tout le pays. Michael Le Coz, son délégué général, témoigne de cette « transformation de la filière du réemploi. Historiquement, elle agissait dans une optique caritative, avec, par exemple, le compagnonnage d’Emmaüs. Elle est en train de devenir un secteur de l’économie solidaire au sens plein » .

Les ressourceries, qu’on appelle aussi « recycleries », sont en effet des structures, pour la plupart associatives, combinant gestion écologique des déchets et insertion professionnelle. Le principe est simple : on collecte les déchets et on les trie. Beaucoup sont réparables, réutilisables, et donc susceptibles d’être revendus. Il faut aussi favoriser l’insertion de personnes en difficulté à travers des emplois pérennes. Les experts en font une démarche exemplaire en matière d’économie solidaire et de développement durable : elle agit à la fois dans les domaines du social, de l’économie et de l’écologie. La revente n’y est pas une fin en soi et sert uniquement à équilibrer le budget. Les prix sont très bas, pour permettre à tout le monde d’accéder à des biens d’équipement.

Cette approche originale de la gestion des déchets séduit de plus en plus de porteurs de projets et de collectivités. Importées du Québec, les ressourceries se développent depuis plus de vingt ans en France. « Plus d’une centaine de collectivités locales nous ont contactés ces deux dernières années, des petites communes aux grandes métropoles » , constate Michael Le Coz, qui ajoute que le Réseau défend la professionnalisation de cette filière. Le réemploi met en effet en jeu des savoir-faire spécifiques : on ne peut pas systématiser et mécaniser un tri visant à séparer le réparable du rebut. « Tout au long de la chaîne, il s’agit de processus faisant intervenir beaucoup d’humains » , explique le délégué général. Ainsi, la mise en place d’un diplôme de « valoriste » signifierait une reconnaissance des acquis pour les personnes en réinsertion.

La vocation des ressourceries est aussi de sensibiliser élus et habitants. Chaque structure encourage la réflexion sur nos modes de consommation : « Recycler plus de déchets, c’est bien, mais réduire les quantités à la source, c’est mieux » , insiste Michael Le Coz. La pédagogie est mise en avant dans le fait de revendre aux habitants ce que leurs voisins ont jeté. Ainsi, 150 animations et 3 500 personnes ont été sensibilisées, en 2005, par les Ateliers de la Bergerette, à Beauvais (Oise), le précurseur du réemploi en France. Et 24 valoristes sont en contrat d’accompagnement à l’emploi ou en contrat d’avenir pour la Recyclerie du plateau picard. Enfin, plus de 16 000 objets ont été vendus en 2003 par la Ressourcerie des Weppes (Nord), soit 30 tonnes de déchets détournés de la déchetterie !

Le Réseau projette de recenser avec l’Ademe toutes les structures françaises de réemploi et va intégrer le réseau Recycling and Reuse European Social Enterprises (RREUSE).

Réseau des recycleries et ressourceries, 11 bis, rue de la Garonne, 59000 Lille, 03 27 42 21 24, <www.recycleries-ressourceries.org>

Pour les anglophones : www.rreuse.org

Temps de lecture : 3 minutes