La bio française défend son label

Claude-Marie Vadrot  • 29 mars 2007 abonné·es

L’ambiance est à la préoccupation chez les agriculteurs bios de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), qui tenait son assemblée générale mardi et mercredi au Croisic : ils craignent les déréglementations préparées par la Commission de Bruxelles, le Parlement européen et le Conseil des ministres de l’Agriculture. Ceux-ci pourraient, dès la fin du printemps, c’est-à-dire après les élections françaises, définir une réglementation beaucoup plus floue que celle établie en 1991.

Cette dernière, calquée sur les règles adoptées en France dans les années 1980, définissait précisément les obligations des producteurs, les contrôles et les garanties offertes par le label de certification AB pour la France et « Agriculture biologique » pour les 25 pays de l’Union européenne.

Trop gênant pour les tenants de l’agriculture productiviste, qui sont revenus à la charge en 2006, sous l’impulsion de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui voient d’un mauvais oeil le développement progressif d’une agriculture fonctionnant sans produits phytosanitaires (il s’en vend 80 000 tonnes par an en France, record d’Europe), sans désherbants ni engrais chimiques. Ainsi, les cahiers de charges de la bio accepteraient que les aliments contiennent des traces de produits chimiques de synthèse, et même d’OGM, de manière à rendre commercialisables des produits bio contaminés par des pollutions issues de champs cultivés en conventionnel. De quoi plomber la confiance des consommateurs. Les industriels de la chimie tenteraient-ils ainsi de diluer la bio avant que le prix de ces produits, comme en Italie et en Autriche, ne les rende accessibles au plus grand nombre ?

Si cette agriculture verte peine à se développer en France (12 000 producteurs chichement aidés sur 560 000 hectares), elle a pris son essor en Italie, championne d’Europe avec 49 000 agriculteurs sur 1 200 000 hectares. Viennent ensuite l’Autriche, avec 18 000 fermes installées sur 14 % de la surface agricole utile (record européen aussi), et l’Allemagne (17 000 agriculteurs sur 810 000 hectares), où il existe près de 500 supermarchés exclusivement bios.

Écologie
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