Lhomme contre l’atome

Patrick Piro  • 22 mars 2007 abonné·es

Illustration - Lhomme contre l'atome


Stéphane Lhomme. AFP/Marco Longari

Près de 60 000 personnes ont manifesté samedi 17 mars, selon le réseau Sortir du nucléaire, dans les rues de Lille, Lyon, Strasbourg, Toulouse et Rennes (la plus grosse affluence) pour exiger l’abandon de l’EPR, le nouveau prototype de réacteur en construction à Flamanville (Manche). Un indéniable succès, alors que le sujet n’apparaît pas comme une priorité pour les candidats à la présidentielle. François Bayrou a même viré de bord, se montrant désormais favorable à la « réouverture du débat » sur l’EPR (comme Ségolène Royal). « C’est une mobilisation historique, comparable aux manifestations antinucléaires des années 1970 » , s’est félicité Stéphane Lhomme, porte-parole national du réseau Sortir du nucléaire, très impliqué dans la réussite de cette journée.

Coïncidence de calendrier, ce dernier était présenté à la justice, mercredi 21 mars, à la suite d’hypothétiques « violences », le 27 octobre dernier, envers un procureur qui entendait le déloger d’un échafaudage devant le palais de justice de Bordeaux. Il protestait avec d’autres militants contre l’inertie de la justice, qui n’a toujours rien fait de la plainte déposée depuis 2003 par l’association Tchernoblaye ­ dont Stéphane Lhomme est militant ­, pour défaut d’autorisation de fonctionnement, pendant six mois, de la centrale nucléaire du Blayais.

Devenu une bête noire de l’industrie de l’atome, il n’a pas hésité à s’exposer en de multiples circonstances. En septembre 2003, il se plante sur la voie en gare de Bordeaux pour empêcher le départ d’un train de déchets nucléaires. En mai 2006, 20 policiers débarquent chez lui pour perquisitionner, enlevant ordinateur, téléphone mobile et documents dans la perspective d’une présentation devant la section antiterroriste ! Le délit : il avait divulgué, lors du débat sur l’EPR mené six mois auparavant par la Commission nationale du débat public, un rapport confidentiel démontrant que les réacteurs français ne résisteraient pas à la chute d’un avion de ligne. Stéphane Lhomme s’est aussi distingué à Bordeaux pour avoir orchestré l’annulation de l’arrêté « anti-SDF » pris en 2001 par Alain Juppé, maire de la ville, et par la bataille, gagnée, pour faire reloger ses élèves gitans (il est instituteur), presque tous atteints de saturnisme, maladie grave due au plomb et typique d’habitats insalubres.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Écologie populaire » : le dernier coup de com’ de la Macronie
Écologie 4 octobre 2024 abonné·es

« Écologie populaire » : le dernier coup de com’ de la Macronie

Agnès Pannier-Runacher emprunte une expression du bréviaire de gauche pour en faire un coup de communication. Un élément de langage snobé par Matignon et totalement vidé de son sens politique.
Par Vanina Delmas
Juliette Rousseau : « J’essaye de détricoter les mythes de la ruralité »
Entretien 25 septembre 2024 abonné·es

Juliette Rousseau : « J’essaye de détricoter les mythes de la ruralité »

Comment porter une parole sensible, de gauche et féministe dans un milieu rural d’apparence hostile ? L’autrice de Péquenaude utilise sa plume tantôt douce, tantôt incisive pour raconter sa campagne bretonne natale, où elle est retournée vivre, en liant les violences sociales, patriarcales et écologiques.
Par Vanina Delmas
En Sicile, le manque d’eau crée la spéculation
Reportage 25 septembre 2024 abonné·es

En Sicile, le manque d’eau crée la spéculation

Touchée par une sécheresse historique, l’île italienne est plongée en état d’urgence depuis le mois de mai. Face à l’absence totale d’anticipation des autorités, tous les habitants ne sont pas logés à la même enseigne.
Par Augustin Campos
Écologie : un rapport alerte sur le retard des services publics
Écologie 25 septembre 2024 abonné·es

Écologie : un rapport alerte sur le retard des services publics

Dans son rapport annuel, le collectif Nos services publics alerte : l’architecture des services publics peine à intégrer les enjeux écologiques, exacerbant les inégalités et les tensions sociales. Pour lui, il est urgent de réorienter ces politiques vers un avenir durable et plus juste.
Par Thomas Lefèvre