Vers des « rencontres sociales »

Résol et l’Aitec, deux réseaux d’experts, créent un espace commun d’échanges et de confrontation des expériences. Explications croisées de deux de leurs responsables*.

Thierry Brun  • 15 mars 2007 abonné·es

Le Réseau de structures d’expertise pour la modernisation de l’économie sociale solidaire (Resol) et l’Association internationale de techniciens, experts et chercheurs (Aitec) ont l’intention de créer un espace nommé « Rencontres sociales ». Où en est ce projet ?

Jean-Philippe Milésy : Il s’agit d’un projet d’information et d’animation sur les questions de l’économie sociale, du monde syndical, du mouvement social et des acteurs des territoires. Nous partons de plusieurs constats. Ces secteurs se sont développés sans nécessairement tisser de liens entre eux. Ils continuent, bien souvent, d’agir séparément au détriment de l’efficacité de leurs actions et, en fin de compte, de leurs adhérents, sociétaires, militants et publics. Agissant dans des cadres territorialisés, portant des valeurs de fédéralisme, de solidarité, ils contribuent, chacun à leur manière, à l’approfondissement de la démocratie locale. Cependant, il existe peu d’espaces de partage, de dissémination et de confrontation des expériences innovantes qu’ils peuvent développer.

Cécile Canpolat : Cet espace interviendra alors en intermédiaire favorisant les rencontres, les échanges, le conseil. Nous proposons de développer des coopérations, porteuses de transformation sociale à l’échelle des territoires, par la mise en valeur et la diffusion d’informations, l’organisation de débats et la mise en relation, voire la médiation, entre partenaires, à chaque fois que nous le jugerons pertinent.

___ Qui sont les acteurs de Resol et de l’Aitec, et pourquoi s’intéressent-ils aux collectivités territoriales ?

C. C. : Les experts et les militants progressistes de l’Aitec développent des expertises à partir de leurs pratiques. La recherche d’alternatives, menée par les groupes de travail de l’Aitec, doit nourrir les mobilisations citoyennes mais aussi les prises de décisions qui orientent le développement des territoires… Il ne saurait être question de travailler sur les services publics, sur l’urbain sans se référer et s’articuler aux politiques locales. L’Aitec fait de la coopération avec les élus locaux un axe stratégique.

J.-P. M. : La dimension « territoires » s’est imposée naturellement à l’Aitec comme à Résol. Les entreprises de l’économie sociale sont historiquement attachées à un territoire donné, même si elles se sont développées nationalement, le plus souvent sous forme fédérative. Les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire prennent progressivement toute leur place dans les régions. Ainsi régions, départements, villes, intercommunalités sont des acteurs majeurs du projet « Rencontres sociales ». C’est dans ce contexte que nous inscrivons notre séminaire du 31 mars [^2]

Qui d’autre comptez-vous associer ?

J.-P. M. : « Rencontres sociales » a pour objectif de rassembler, en priorité, les acteurs de chacune de ces trois familles : économie sociale, mouvement syndical, acteurs des territoires. Pour l’heure, nous travaillons avec de grands comités d’entreprise (CE), des centrales syndicales, des mutuelles (santé et assurances), des réseaux associatifs. Mais nous sommes aussi en contact avec des collectivités, à travers leurs élus chargés de l’économie sociale et solidaire. Nous formalisons progressivement ces partenariats.

C. C. : Par ailleurs, les initiatives « Rencontres sociales » sont ouvertes à tous les citoyens et à toutes les citoyennes intéressés par la dynamique. Plus largement, l’espace de convergence ainsi créé permettra à l’Aitec de mieux répondre aux demandes de ces partenaires proches (associations d’habitants, associations de solidarité internationale, etc.) et de les mobiliser dans la construction d’alternatives citoyennes.

Quel est le projet politique des Rencontres ?

C. C. : Ces trois familles d’acteurs ont en commun de fabriquer à la fois un discours et une pratique qui rompent avec le néolibéralisme. Renforcer les convergences, c’est faire front commun. Le développement de ces coopérations a également une dimension économique. Le poids des entreprises de l’économie sociale, dans notre pays comme dans le reste de l’Europe, se trouverait considérablement accru si l’économie plurielle était mieux connue et plus reconnue.

J.-P. M. : Nous proposons de faire coïncider l’offre de l’économie sociale, la demande influencée ou prescrite par les organisations syndicales, notamment des CE, et les initiatives de développement local. C’est à ces dynamiques que « Rencontres sociales » entend apporter sa contribution.

[^2]: Le séminaire « Rencontres sociales » aura lieu à l’Amphithéâtre Le d’Artagnan, 80, rue de Vitruve, 75020 Paris. Inscriptions auprès l’Aitec, 01 43 71 22 22, Fanny Petit, .

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