En procès pour avoir aidé un sans-papiers

Xavier Frison  • 19 avril 2007 abonné·es

Instituteur et militant du Réseau éducation sans frontières (RESF), Florimond Guimard sera jugé le 20 avril à Aix-en-Provence. Le fonctionnaire risque trois ans de prison et 45 000 euros d’amende pour avoir, selon les mots de la police reproduits par RESF, « volontairement commis des violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, faits commis par arme par destination (en l’espèce son véhicule) » , et « avoir volontairement exercé des violences […], ces violences étant aggravées par les deux circonstances suivantes : sur un dépositaire de l’autorité publique et en réunion ».

Ces termes qualifient en réalité un délit dont Florimond Guimard « peut être fier » : avec deux cents autres personnes, il a contribué à empêcher l’expulsion vers l’Algérie de Lahcène Douibi, père de deux enfants. « Une première tentative d’expulsion par bateau avait déjà été bloquée » , rappelle RESF. Le 11 novembre dernier, c’est par la voie des airs que la police organise une nouvelle opération. Mais une petite foule proteste contre la tentative d’embarquement de Lahcène Douibi, finalement débarqué puis libéré, comme les huit citoyens interpellés à cette occasion. Un mois plus tard, Florimond est convoqué au commissariat en compagnie d’une autre militante de RESF.

Le procès intenté à Florimond Guimard « est à l’évidence politique » , s’insurge le réseau. Qualifiant de « ridicules » les accusations portées contre l’instituteur, RESF estime que ce procès « s’inscrit dans une série d’intimidations et de poursuites engagées envers celles et ceux qui se dressent contre la chasse aux enfants et à leurs parents sans papiers ». Dans ces circonstances, il est perçu comme « une tentative de museler les mouvements de solidarité qui s’affirment autour des sans-papiers » . Trois jours de mobilisation sont programmés à l’occasion du procès : il est encore temps de participer aux actions des 19 et 20 avril.

Société
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