Légère avancée

Ingrid Merckx  • 24 mai 2007 abonné·es

Dans un avis rendu le 16 mai, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) conclut, après avoir auditionné une soixantaine de personnes (chercheurs, syndicalistes, associatifs, etc), à l’impossibilité d’aboutir à un consensus sur la production de statistiques ethno-raciales. « Ce n’est pas une solution pour notre pays », a déclaré son président, Alex Türk, estimant que le modèle anglo-saxon ne s’inscrivait pas « dans notre vision de la protection des droits » . Mais la Cnil constate que « la France doit améliorer son appareil statistique » et « que des réponses peuvent déjà être apportées ».

D’où, en tête de ses dix nouvelles recommandations, un appel à « développer les enquêtes par questionnaires. Dès lors qu’elles sont facultatives, fondées sur l’auto-déclaration, et que les réponses sont confidentielles, des questions doivent pouvoir être posées sur la nationalité et le lieu de naissance des personnes, mais aussi de leurs parents » . Si la Cnil est « réservée » sur « la création d’un référentiel « ethno-racial » , elle juge « important » que les personnes puissent indiquer sur quels critères (apparence physique, langue, nom…) porte la « discrimination vécue » . Mais uniquement dans le cadre de la statistique publique : une entreprise ne pourra pas demander à ses salariés s’ils se sentent discriminés en raison de leur couleur de peau. Enfin, précise la Cnil, « il faut modifier la Loi informatique et libertés pour assurer une meilleure protection des personnes […] en garantissant le caractère scientifique des recherches et en renforçant le contrôle de la Cnil sur ces fichiers de recherche, pour lesquels le seul consentement des personnes ne saurait suffire ». La Cnil a préféré aménager l’existant sans faire évoluer le droit. « Nous sommes dans le provisoire sur ces questions », a justifié Alex Türk, conscient que certains critères, comme le lieu de naissance, perdaient en pertinence au bout de trois générations, mais qu’ils pouvaient « tenir la route quelques années encore ». D’ici à ce que le débat mûrisse ?

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »
Entretien 10 juin 2025 abonné·es

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »

Alors que des groupuscules d’extrême droite annoncent un rassemblement discret à Châteaubriant, le collectif Réveillons la Résistance organise une contre-mobilisation citoyenne le 14 juin. Entretien avec une de ses militantes.
Par Juliette Heinzlef
Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »
Reportage 10 juin 2025 abonné·es

Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »

À Montargis, petite ville du Loiret, le calme habituel a laissé place à un front populaire. Le 9 juin 2025, un cortège de 4 000 personnes a défilé contre la tenue d’un meeting d’extrême droite rassemblant Marine Le Pen, Jordan Bardella, Viktor Orbán et Matteo Salvini.
Par Thomas Lefèvre
Mineurs non accompagnés : après la répression policière, la répression administrative
Justice 7 juin 2025

Mineurs non accompagnés : après la répression policière, la répression administrative

Après l’expulsion de la Gaîté lyrique en mars, 23 jeunes ont reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une répression vivement dénoncée par le collectif des jeunes du parc de Belleville. Vendredi 6 juin avaient lieu les premières audiences au tribunal administratif.
Par Élise Leclercq
Collectif des jeunes de Belleville : deux personnes interpellées suite à une plainte de Némésis
Enquête 7 juin 2025 abonné·es

Collectif des jeunes de Belleville : deux personnes interpellées suite à une plainte de Némésis

Deux hommes ont été placés en garde à vue après des plaintes du collectif fémonationaliste, venues perturber un meeting organisé contre les OQTF. Dix jours après les faits, les témoins dénoncent la coopération entre les militantes d’extrême droite et la police lors des interpellations.
Par Pauline Migevant