Moins de bagnoles : tout un programme

Patrick Piro  • 31 mai 2007 abonné·es

La voiture est depuis longtemps un épouvantail des écologistes. De nombreux ouvrages se défoulent dessus, avec des arguments indiscutables. Mais ces pamphlets dénoncent aussi, en prime, l’impuissance de ces mêmes arguments.

Tout voiture, no future instruit bien sûr le dossier en incompatibilité de la voiture avec la planète et la société : contribution majeure au dérèglement climatique (30 %), 350 000 décès prématurés dus à la pollution urbaine en Europe, milliers d’accidents mortels tranquillement admis, concessions démesurées à la circulation et au stationnement dans les villes…

Mais la voiture est aussi un « boulet pour l’économie » : même sans inclure les coûts indirects (santé, Sécurité sociale, nuisances climatiques, etc.), l’industrie automobile (licenciements massifs, déficits, récession de l’activité, etc.) est « à la dérive », constate Denis Baupin.

Mais, parce que l’auteur est adjoint au maire de Paris en charge des transports depuis 2001, Tout voiture, no future est avant tout un essai « pour sortir de la crise » . Couloirs de bus, Paris-plage, pistes cyclables et, bien sûr, le tram, Denis Baupin fait parler son expérience. Cette mandature parisienne (et ce livre est un argumentaire implicite à la prolonger en 2008…) restera celle qui a pris à bras-le-corps, et avec un succès indéniable, l’impossible dossier : moins de circulation automobile, de pollution, d’accidents, plus de vélos, satisfaction des administrés (même dans les municipalités alentour), etc. Et c’est sans retour, affirme Denis Baupin, convaincu d’aller dans le sens de l’histoire, même si le « lobby » ne le ménage pas, y compris certains « bobos » médiatiques aux anathèmes savoureux de bêtise. En pronostiquant le déclin du « tout-bagnole », l’auteur veut d’abord affirmer la responsabilité fondamentale des politiques publiques pour guérir des désordres individualistes et libéraux, dont il présente les maux automobiles comme un archétype. Un vrai programme de gauche.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

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