Des collectifs en quête d’identité

À l’issue d’un week-end de travail, la coordination des collectifs s’est attachée à se réapproprier la dynamique unitaire, et a confirmé la tenue d’assises à l’automne.

Clotilde Monteiro  • 28 juin 2007 abonné·es

« Se réapproprier la dynamique unitaire. » Cet objectif ne figurait pas noir sur blanc à l’ordre du jour de la réunion nationale organisée par la coordination des collectifs unitaires. Mais il s’est imposé comme une nécessité au cours des ateliers de travail organisés les 23 et 24 juin dans les locaux de l’université Paris-VIII, à Saint-Denis. Comme le fruit d’une volonté collective des quelque deux cents délégués venus participer à ce rassemblement. La détermination à acquérir désormais une autonomie vis-à-vis des partis politiques qui avaient accompagné depuis sa création, il y a un an, la construction de ce mouvement était prégnante au sein de tous les groupes de travail. Cette réunion, post-campagnes électorales, était destinée, comme le stipule la résolution rédigée à la fin du week-end, à acter la poursuite des activités de la dynamique unitaire dans la perspective de la tenue à l’automne d’assises ouvertes « à tous les citoyens engagés, membres ou non de courants, d’organisations politiques, associatives ou syndicales » . Les militants, soucieux de faire émerger l’identité propre du mouvement, ont opté pour la tenue, fin septembre, d’une réunion de la coordination des collectifs, préliminaire à ces assises.

À Saint-Denis, seul le petit parti des Alternatifs s’était déplacé en tant qu’organisation politique. L’absence (prévisible) des représentants officiels des partis, issus de la gauche de la gauche, tels la LCR, le PCF ou le Mars, illustrait en creux les tensions, divergences ou profonds désaccords qui ont secoué et failli faire voler en éclats la dynamique unitaire, au fil de ces derniers mois. Les militants encartés, présents ce week-end, étaient ceux issus du courant unitaire de leur parti respectif, tels les communistes unitaires ou les Verts Alter Ekolo (voir la tribune de Francine Bavay, p. 26). Une partie des militants du courant Unir de la LCR étaient également au rendez-vous malgré l’absence de Christian Picquet, le représentant officiel de ce courant minoritaire au sein du parti trotskiste. Qu’ils aient participé à la campagne présidentielle de José Bové ou pas, la plupart des délégués de collectif ont tenu à exprimer le traumatisme qu’a représenté pour eux « la tentative d’instrumentalisation de la dynamique unitaire par les organisations politiques » . Le délégué de Roubaix a notamment exprimé toute sa circonspection quant au rôle des organisations au sein de la dynamique : « Il faut arrêter de rêver concernant le PCF et la LCR ! Même s’il faut bien sûr avoir une attitude d’ouverture envers les militants encartés désireux de nous rejoindre. » De même que la revendication d’un mode de fonctionnement moins centralisé, pour ne plus avoir à se conformer à des décisions prises, au cours des mois précédents, par un secrétariat omnipotent et trop parisien, était récurrente dans les ateliers. L’émergence de la question de la redéfinition des objectifs politiques à poursuivre par le mouvement a fait aussi partie des préoccupations exprimées par les militants. « Nous devons réaffirmer les convictions qui sont les nôtres. Certaines d’entre elles, comme la question du nucléaire, figurent de manière édulcorée dans nos cent vingt-cinq propositions, puisqu’il nous a fallu composer avec les exigences des partis » , observait la déléguée du collectif de Béziers. Cet « entre-soi » a permis aux militants d’exprimer leur souhait de tenir désormais les organisations politiques à la bonne distance. D’où la décision prise à l’issue de ces rencontres, et notifiée dans la résolution, de permettre à « chaque collectif de décider souverainement de ses modalités d’organisation, sur la base du principe : une personne égale une voix » . Autrement dit, seuls les collectifs seront habilités à entériner des décisions en votant.

En attendant la tenue de ces assises, la coordination des collectifs prévoit au cours de la réunion de septembre de s’atteler à la préparation collective de textes énonçant les priorités à défendre dans la perspective des élections municipales et cantonales. Le positionnement de la coordination concernant la question de l’Europe est un des chantiers sur lesquels ont également l’intention de plancher les collectifs, à la rentrée. À la demande générale, un bilan des campagnes de José Bové et des législatives est également envisagé.

Enfin une discussion est prévue concernant l’organisation même des assises de l’automne, afin de déterminer les sujets sur lesquels la coordination proposera à tous les participants de débattre dans l’objectif de l’élaboration d’un grand projet d’alternatives de transformation sociale et de protection de la planète. Car, comme le précise Pierre Cours-Salies, « la dynamique unitaire n’ambitionne pas de devenir un parti concurrent des autres organisations politiques, mais plutôt un mouvement ou un rassemblement pour une alternative à gauche faisant office de structure d’échos destinés à tous les réseaux militants ». Pour l’heure, une seule certitude, tout reste à reconstruire du côté des organisations politiques. Les premiers contacts sont en cours…

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