Ils n’ont pas disparu !

Xavier Frison  • 21 juin 2007 abonné·es

Prendre des demandeurs d’emploi pour des rigolos peut coûter cher. Un livre polémique, par exemple. Le 13 décembre 2005, 57 chômeurs bénéficiaires de l’Allocation spécifique de solidarité (ASS) sont convoqués à l’ANPE Saint-Georges, dans le IXe arrondissement de Paris. Ils y apprennent qu’ils commencent un stage obligatoire de «~remotivation~» de deux cents heures dès le lendemain matin. À la suite de cette mascarade, un tract rédigé dans l’urgence par Jean-Jacques Reboux, l’une des personnes convoquées, circule sur Internet. Les témoignages de chômeurs brinquebalés de stages en formations bidons, radiés à tort ou convoqués du jour au lendemain, affluent. Chômeurs, qu’attendez-vous pour disparaître~? reprend ces témoignages, où s’égrènent la solitude des chômeurs, leur stigmatisation et la précarité dont ils souffrent. Hélène B., architecte, s’est vu proposer un poste de gendarme~: «~J’ai la taille limite, 1,52 cm, 1 cm de moins et on ne m’aurait rien proposé.~» Véronique Gentet, elle, se plaint de ne recevoir les convocations obligatoires «~que le lendemain ou le surlendemain, voire la semaine suivant la date de la bataille~». Symo raconte l’aventure ubuesque de sa radiation abusive, tandis que Yasmina Reggad, 28 ans, «~fête bientôt [ses] huit mois~» et attend avec impatience sa «~garde à vue semestrielle~» . Annie, «~pas très en forme~» en ce moment, a du mal à imaginer son avenir «~en manquant de tout, tout le temps~» . De l’autre côté du bureau, les conseillers de l’ANPE doivent jongler avec les directives de plus en plus dures venues de la hiérarchie et la détresse des usagers. De ce champ de bataille où les blessés se comptent par millions, ressort un enjeu politique majeur : la bataille des chiffres du chômage.

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