Frêche en toute liberté…

Pauline Graulle  • 12 juillet 2007 abonné·es

Georges Frêche récidive. Après s’être tristement illustré pour avoir traité les harkis de « sous-hommes » – ce qui lui a valu d’être radié du PS et mis en examen pour injures à caractère racial – et considéré qu’il y avait trop de « Blacks » dans l’équipe de France de foot, il continue à se faire le chantre décomplexé d’une idéologie nauséabonde.

Le 24 juin, à Montpellier, le président du conseil régional du Languedoc-Roussillon, célébrant la Journée de Jérusalem, se félicite de vingt-quatre années de jumelage entre sa ville et la ville israélienne de Tibériade. Devant une assemblée qui comprend notamment l’ambassadeur d’Israël, Frêche déclare, rigolard : « Je suis ravi que, pour la première fois, la France ait élu au suffrage universel direct […] un juif président de la République. » Applaudissements d’une assistance conquise.

On s’étrangle : Sarkozy, juif ? Il s’agit soit d’une absurdité, puisque Nicolas Sarkozy, qui a bien des origines juives (un grand-père maternel), s’est lui-même réclamé de « culture catholique, de tradition catholique et de confession catholique », soit d’une référence aux lois nazies de Nuremberg, qui faisaient entrer d’obscures composantes génétiques dans la judéité.

Et Frêche d’ajouter, hilare : « En plus, avec Kouchner ministre des Affaires étrangères, qu’est-ce que vous voulez de plus ? […] Je vais dire à mon ami Kouchner : “Et quand c’est que tu reconnais Jérusalem capitale d’Israël ?” » Ce serait effectivement une gageure puisque le droit international ne reconnaît pas cette désignation de la ville occupée.
Mais ce n’est pas tout ! Frêche poursuit : « Ici [à Montpellier !], nous sommes une zone libérée d’Eretz Israël depuis trente ans. » Pour faire bonne mesure, il fait ensuite l’apologie de ce mur « érigé contre les attentats » des Palestiniens, « qui sont souvent des gens intelligents ». Entre stigmatisation malsaine – on est donc juif avant d’être ministre –, amalgames douteux – être juif signifie-t-il être sioniste ? –, et approximations historiques, on ne saurait pas vraiment dire si ce discours méandreux est ouvertement « pro-Israéliens », ou anti-Arabes, ou antisémite, ou tout à la fois…

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