La « révolution énergétique »

Une conférence sur les énergies nouvelles a réuni une quarantaine de pays à La Havane. Et l’île commence à s’équiper d’éoliennes.

Claude-Marie Vadrot  • 19 juillet 2007 abonné·es

La conférence internationale sur les énergies nouvelles, l’énergie éolienne et les économies d’énergie qui vient de réunir plusieurs centaines de personnes d’une quarantaine de pays à La Havane illustre parfaitement le « révolution énergétique » que prône Fidel Castro. Au départ, le slogan a fait sourire, surtout quand le gouvernement a organisé le remplacement de toutes les ampoules à incandescence et des vieux réfrigérateurs énergivores~; puis, peu à peu, la greffe prend car, désormais, toute l’île est partie à la «~chasse au gaspi~». Et, surtout, le système de formation et d’éducation du pays s’est rapidement mis au service des énergies nouvelles.

Les deux seuls Français présents à cette conférence, Pierre Pesnel et Laurent Vergnet, responsables d’une entreprise fabriquant des éoliennes, en témoignent avec une surprise admirative~: « Il y a deux ou trois ans, quand nous avons commencé à travailler avec les Cubains, ils n’étaient pas au top, ils ne savaient pas grand-chose. Maintenant, dans tous les domaines, ils ont réussi à se former, ils sont devenus très pointus dans le secteur des énergies renouvelables. Pour les éoliennes, ils ont mis au point une extraordinaire carte de l’utilisation des vents, qui illustre bien leurs progrès. C’est d’ailleurs ce qui nous impressionne ici~: la faculté d’évolution rapide des ingénieurs et des techniciens. Un bon point pour le système d’éducation et de formation. »

Sur instruction du chef de l’État, cette société française vient d’équiper la célèbre île de Jeunesse (autrefois l’île des Pins) d’une batterie de six éoliennes de 275 kilowatts. Ce qui a décidé les autorités cubaines~: ces engins sont… pliables. Donc parfaitement adaptés aux pays menacés par les tempêtes et les cyclones puisqu’il ne faut que quelques minutes pour les allonger au sol. Une particularité qui permet en outre une installation sur une très petite plate-forme de béton, et sans grue~; avec un entretien et des réparations facilitées. Ces éoliennes aisées à installer et à entretenir sont en service à la Guadeloupe, à la Réunion, en Nouvelle-Calédonie et au Maroc. Mais elles sont pour l’instant très peu présentes en France. Peut-être parce qu’elles échappent à la règle dominante du gigantisme…

Ces éoliennes, qui peuvent chacune fournir du courant à deux mille personnes, ont suscité beaucoup d’intérêt lors de cette conférence placée sous le signe de l’imagination. De quoi satisfaire Fidel Castro, qui pousse son pays à marche forcée vers l’indépendance énergétique, refusant avec véhémence le recours aux essences végétales. Comme s’il pressentait que le pétrole bon marché proposé par Hugo Chávez ne sera pas éternel et que les recherches des Chinois sur le littoral nord de l’île ne peuvent pas offrir une solution durable.

Au sortir de cette conférence prédominait la certitude que Cuba est en passe de devenir un laboratoire des énergies nouvelles et que l’Amérique latine est prête à se tourner, sauf le Brésil, vers des solutions à la fois économes et décentralisées, car le solaire y interviendra souvent en complément.

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