L’euro de tous les records

Denis Sieffert  • 19 juillet 2007 abonné·es

Nos plus anciens lecteurs nous en donneront acte. Ce qui arrive aujourd’hui avec l’euro était très précisément décrit dans les nombreuses analyses que nous avons publiées au moment du débat sur le traité de Maastricht. C’était en septembre 1992… La création d’une banque centrale européenne dont la mission obsessionnelle serait le taux de la monnaie, au mépris de toute autre considération sociale, ou même tout simplement économique, au sens de l’activité humaine, ne pouvait que conduire à la situation actuelle. Avec le record historique atteint par la monnaie européenne vendredi (1,38 dollar pour 1 euro), les politiques ne peuvent que constater les dégâts. Selon le cabinet d’analyse ACDE, ce sont vingt milliards d’euros qui sont ainsi partis en fumée dans l’économie française. Il est aujourd’hui piquant d’entendre Nicolas Sarkozy déplorer l’obstination de la BCE alors que ce sont les statuts de la Banque tels que définis dans le traité de Maastricht qui lui font obligation de lutter contre les risques d’inflation.

Promouvoir les causes et regretter les conséquences, voilà ce qui s’appelle de la bonne politique. Il est vrai que le nouveau président de la République n’est pas seul dans cette contradiction. La plupart des dirigeants du PS, et en particulier ses nouveaux amis « strauss-kahniens », étaient eux aussi favorables au traité de Maastricht. La cécité des superbanquiers européens a pour effet de renchérir nos exportations et de rendre nos importations meilleur marché. Cette situation est l’un des facteurs de la crise d’Airbus. Il y aurait deux façons de remédier au problème : soit en remettant en cause le principe d’une banque indépendante des politiques, c’est-à-dire de la démocratie, soit en baissant le coût du travail. C’est évidemment cette seconde solution qui a la préférence des libéraux. C’est le sens de toutes les réformes de Nicolas Sarkozy. Ce qui réduit ses protestations contre la BCE à de vains effets de manche, et ce qui souligne bien la nature libérale de l’Europe.

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