Parutions

Politis  • 12 juillet 2007 abonné·es

Le choc Wittig

« Les lesbiennes ne sont pas des femmes ! » Cette formule choc, prononcée par Monique Wittig en 1978 en conclusion
de sa série de conférences sur « la pensée straight » (« hétéro », en anglais), n’en finit pas de provoquer admiration ou indignation envers cette fondatrice du MLF, exilée aux États-Unis depuis 1975. Dénonçant la « naturalité » supposée de l’hétérosexualité dans nos structures de pensée – de l’anthropologie à la psychanalyse –, l’auteure déconstruisait son caractère de véritable « régime politique ». Publiée très tardivement en France (2001), la traduction de ce grand classique des gender studies par Marie-Hélène Bourcier, revue par Monique Wittig elle-même, fait aujourd’hui l’objet d’une reparution. Un texte majeur.
La Pensée straight, Monique Wittig, présenté et traduit de l’anglais par Marie-Hélène Bourcier, Amsterdam, 124 p., 13 euros.

Culture politique

Même si des cursus d’« études culturelles » existent depuis peu dans l’Université française, les cultural studies demeurent encore méconnues dans l’Hexagone. Fidèles à leur politique courageuse de traduction et de diffusion de travaux étrangers en sciences sociales, les Éditions Amsterdam proposent au lecteur français, à partir de 14 textes choisis par le chercheur Maxime Cervulle,
de découvrir Stuart Hall, auteur renommé de ce champ d’études. Né en Jamaïque, fondateur de la New Left Review, Stuart Hall fut le principal animateur du Center for Contemporary Cultural Studies, véritable tête de pont de ce champ de recherches.
Il contribua aussi au développement des postcolonial studies en travaillant – notamment à partir de sa propre expérience – sur les représentations des minorités noires en Grande-Bretagne.
Outre ce premier recueil de textes,
un entretien avec l’auteur fait également l’objet d’un petit volume.
Identités et cultures. Politiques des cultural studies, Stuart Hall, édition établie par Maxime Cervulle, traduit de l’anglais par Christophe Jaquet, Amsterdam, 336 p., 22 euros.
Stuart Hall, Mark Alizart, Stuart Hall, Éric Macé et Éric Maigret, traduit de l’anglais par Adrien Quenette, Amsterdam, 144 p., 8 euros.

Queer !

Quasiment inconnue en France, Teresa de Lauretis est une universitaire italienne travaillant aux États-Unis depuis 1966.
Les écrits de cette militante féministe
et lesbienne sont parmi les premiers à proposer l’occurrence d’une théorie queer (« bizarre », en anglais) en travaillant, avec le retournement de l’insulte en fierté, à la déconstruction du genre et de ses représentations.
Théorie queer et cultures populaires. De Foucault à Cronenberg, Teresa de Lauretis, traduit de l’anglais par Marie-Hélène Bourcier, préface de Pascale Molinier, La Dispute, 192 p., 14 euros.

Idées
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Avoir voix aux chapitres de l’histoire !
Histoire 11 décembre 2024 abonné·es

Avoir voix aux chapitres de l’histoire !

L’historienne Laurence De Cock s’essaie brillamment à un exercice de démocratisation de l’histoire de France, loin du mythique « récit national » ne donnant voix qu’aux vainqueurs et aux puissants, narrant plutôt celle vécue au bas de l’échelle sociale, redonnant la place qui lui revient à cette France populaire.
Par Olivier Doubre
Marine Calmet : « Le mouvement des droits de la nature offre une alternative au capitalisme »
Entretien 11 décembre 2024 abonné·es

Marine Calmet : « Le mouvement des droits de la nature offre une alternative au capitalisme »

La juriste a une obsession : transformer notre rapport au vivant, et transformer le droit. Dans le livre Décoloniser le droit, elle explique comment le droit français est encore le fruit d’un projet néolibéral et colonial, et dit l’urgence qu’il y a à le bouleverser.
Par Vanina Delmas
La politique, ce truc de vieux mâles blancs
Intersections 10 décembre 2024

La politique, ce truc de vieux mâles blancs

La journaliste Nesrine Slaoui pointe l’éternel retour des mêmes figures dominantes citées pour devenir premier ministre. Un conservatisme de classe et de genre qui a des répercussions sur le rapport des jeunes au politique.
Par Nesrine Slaoui
L’avenir s’écrit-il au Sud ?
Géopolitique 4 décembre 2024 abonné·es

L’avenir s’écrit-il au Sud ?

Un ouvrage dirigé par Bertrand Badie et Dominique Vidal analyse l’émergence des pays autrefois désignés sous l’appellation « tiers-monde » et qui s’imposent comme contrepoids économique et politique face au vieux monde qu’a été l’Occident, dominateur et colonial.
Par Olivier Doubre