Une double ambition

Les communistes unitaires veulent mener de front la modernisation du communisme et la refondation d’une gauche de transformation sociale.

Michel Soudais  • 5 juillet 2007 abonné·es

Leur regroupement est né d’un refus. Celui de voir le PCF, leur parti ou celui qu’ils ont quitté, s’accrocher à la candidature présidentielle de Marie-George Buffet. Les communistes unitaires, dont l’association a officiellement vu le jour fin mars, tenaient samedi dernier une rencontre nationale à Saint-Denis. Cette réunion, qui a rassemblé une centaine de participants, parmi lesquels des responsables du PCF comme Roger Martelli, Pierre Zarka ou le sénateur communiste des Bouches-du-Rhône Robert Bret, mais aussi des « unitaires » de la LCR et des militants détachés de toute appartenance partisane, a permis de dresser un premier bilan des élections et de poser quelques jalons pour une refondation du projet communiste.

Illustration - Une double ambition

Le siège du PC, place du Colonel-Fabien. SAGET/AFP

Si « la responsabilité principale de l’échec de la gauche incombe à une social-démocratie » engagée dans un recentrage et « une démarche « sociale-libérale » d’accompagnement du capitalisme » , les communistes unitaires se sont surtout attardés sur les raisons de l’échec de « la gauche de gauche » . Outre « la division » et « l’esprit de boutique » , quatre raisons ont, selon eux, « pesé négativement » : « l’impossibilité de se hisser du catalogue de mesures à l’énoncé clair d’un projet de transformation » ; « la difficulté à déployer de nouvelles pratiques » ; « la difficulté à gérer la contradiction entre l’action à l’intérieur des institutions et la contestation […] des dites institutions » ; « la difficulté à raccorder de façon nouvelle mouvement social et espace politique ».

Convaincus qu’ « il faut tendre dans les délais les plus courts possible vers la constitution d’une force politique capable d’exprimer une exigence transformatrice dans le champ politique » , les communistes unitaires entendent participer au travail de recomposition politique dans tous les espaces où celle-ci se discute et « seront partie prenante de la préparation d’un processus de type états généraux » .

Ils abordent ce chantier avec trois exigences : rompre avec « l’orientation libérale […] qui a dominé le PS depuis vingt-cinq ans » ; « s’inscrire dans une perspective majoritaire », ce qui exclut de constituer une formation à côté d’autres ; « occuper franchement le terrain de la novation politique, idéologique, culturelle » . Car « si la gauche transformatrice veut convaincre, rassembler, viser à la majorité, elle doit se transformer elle-même » , estiment-ils en évoquant « l’urgence d’une démarche de reconstruction fondamentale de la culture politique, des projets, pratiques et formes d’organisation » .

Pour autant, les communistes unitaires ne veulent pas jeter par-dessus bord la spécificité de leur culture politique. « Porteurs à la fois de continuité et de rupture par rapport au communisme politique du passé » , ils appellent l’ensemble des communistes à se poser « la question de la fondation ou non d’une Maison commune des communistes » pour inventer le communisme politique du XXIe siècle. « Quels que soient les choix de la LCR et du PCF (refondation, renoncement total, repli sectaire), une autre culture politique est à construire » , affirment-ils dans un des deux textes adoptés samedi ^2. Un point de vue qu’ils tenteront de populariser lors de la fête de l’Humanité, où l’association disposera d’un stand autonome.

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