Cache-misère

Xavier Frison  • 13 septembre 2007 abonné·es

En plein coeur de la Coupe du monde de rugby, Médecins du monde (MDM) s’inquiète de l’augmentation des évacuations de Roms en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d’Oise et le Rhône. « Les pouvoirs publics voudraient-ils éradiquer les bidonvilles pour cacher la misère des Roms ? » , s’interroge l’organisation.

Le « calme » des dernières évacuations n’est qu’une apparence : « Les visites répétées, les menaces réitérées d’expulsion et de destruction des biens s’ils n’obtempèrent pas, contraignent [les Roms] à évacuer d’eux-mêmes leurs terrains les jours précédant l’intervention des forces de l’ordre. » Ce fut le cas à Saint-Denis le 28 août, où 400 personnes ont dû partir à la recherche d’autres terrains. Puis à Vénissieux, après l’évacuation du 29 août : 80 personnes avaient dû quitter quelques jours plus tôt leur terrain pour en rejoindre un autre dans l’agglomération lyonnaise.

Cette situation « aggrave aussi les difficultés d’accès aux soins de ces populations en errance, alors même que leurs indicateurs de santé sont déjà alarmants » : selon Médecins du Monde, la mortalité néonatale précoce des Roms est neuf fois supérieure à celle de la population française, la mortalité infantile cinq fois plus importante et l’espérance de vie est de 15 à 20 ans inférieure à celle du reste de la population.

En outre, les évacuations systématiques « cassent » le travail des équipes mobiles de l’ONG et de ses partenaires médico-sociaux. « Les ruptures de soins ou de traitements prolongés aggravent leur état de santé et remettent en cause la continuité des soins », regrette Médecins du monde. MDM demande qu’une « véritable politique d’aide aux Roms soit mise en place, en conformité avec la résolution du Parlement européen ». À Toulouse, un collectif de sans-domicile dénonce également le « harcèlement » de la mairie à leur encontre, dû à « une volonté de nettoyage » à l’occasion de la Coupe du monde de rugby. Leur avocat a notamment présenté des PV « ubuesques » dressés par la police municipale « avec des souches de contravention automobile ». Vive le sport.

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