Fabricants de démocratie

Le mensuel « Territoires » aborde toutes les questions relatives à la vie politique locale.
Et milite pour plus de participation citoyenne.

Pauline Graulle  • 20 septembre 2007 abonné·es

Jean-Pierre Raffarin prétendait que « la loi ne se fait pas dans la rue » . Doit-elle pour autant être le domaine réservé de quelques hauts fonctionnaires parisiens, détachés du monde réel ? Entre ces deux extrêmes, résiste une zone intermédiaire et toujours vivace : celle des politiques territoriales, du maillage associatif et de la participation citoyenne. Le mensuel Territoires en est l’observateur privilégié et joue, avec l’Association pour la démocratie locale et sociale (Adels), à laquelle il est rattaché, un rôle de catalyseur de la démocratie.

Depuis ses débuts, en 1959, Territoires milite pour une décentralisation efficace et plaide pour l’autonomie de l’action locale. En 1995, l’ampleur des mouvements sociaux engage la revue à élargir son lectorat et à multiplier ses interlocuteurs. Aujourd’hui, elle s’adresse aussi bien aux élus locaux qu’aux militants associatifs ou aux citoyens désireux de s’engager dans la vie politique locale.

Mobiliser autour de ces questions n’est pas tâche aisée. « On s’imagine que la démocratie locale, c’est trois retraités dans une salle des fêtes sinistre ! Internet donne en outre l’impression fallacieuse que l’agir ensemble peut se résumer à quelques clics » , regrette Nicolas Leblanc, rédacteur en chef. « La démocratie participative, qui a d’ailleurs été présentée de manière plutôt confuse par Ségolène Royal pendant la présidentielle, ne deviendra séduisante que lorsqu’elle sera aboutie. C’est-à-dire quand les instances de participation locale auront davantage de moyens financiers, quand elles présenteront des règles de fonctionnement claires, quand elles pèseront réellement sur les décisions. »

L’ambition de Territoires est d’offrir à ses 3 500 abonnés un tour de France des initiatives locales, ainsi qu’une réflexion sur leur place dans la société. Au fil de ses 52 pages colorées, la revue met en avant les bonnes pratiques et décline à l’envi ses dossiers, que l’on s’étonnerait presque de voir si variés : politiques locales de la jeunesse, médiateurs « symptômes d’une société autiste ? » , poids des collectivités à l’étranger… sont passés au crible par les trois journalistes permanents. Et Nicolas Leblanc de noter que, bien souvent, « la démocratie locale ne sert pas seulement à faire passer les projets, mais aussi à renforcer le lien social et la citoyenneté » . Ainsi, dès 1997, la revue, qui assiste à l’inquiétante montée de l’extrême droite, vérifie ce bel aphorisme : « Là où la démocratie locale vit, le FN périt. » « Sans la « révolution silencieuse de l’intercommunalité », le pays n’aurait pas le même visage : nous n’aurions pas un tissu rural aussi dynamique, l’aménagement du territoire serait moins développé, la couverture du service public serait encore plus partielle » , explique Nicolas Leblanc.

À l’heure de la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul et de la « pipolisation » de la politique, il est plus que jamais nécessaire que Territoires fasse entendre sa voix.

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