Suez-GDF : la belle affaire~!

Thierry Brun  • 6 septembre 2007 abonné·es

On comprend mieux comment Nicolas Sarkozy, a pu rapidement obtenir un accord pour fusionner les groupes Suez (privé) et Gaz de France (public), qui plus est un dimanche soir, avant les journaux télévisés. L’opération élyséenne a mis la direction de Gaz de France devant le fait accompli et a balayé toute promesse sociale.

Lorsqu’il était ministre de l’Économie, Nicolas Sarkozy avait pourtant déclaré aux syndicats que la part de l’État dans le nouveau groupe serait de 40 %. Il s’était engagé devant les salariés et devant le Parlement à ne jamais privatiser EDF et Gaz de France. Devenu chef de l’État, l’homme s’est mis au service de la Bourse, et n’est pas à un reniement près. L’État ne sera actionnaire du nouvel ensemble qu’à hauteur de 35 %. Même s’il conserve la minorité de blocage, il ne pourra nullement piloter le géant mondial, alors même que le gouvernement rappelle le caractère stratégique du secteur de l’énergie face aux enjeux d’approvisionnement et d’environnement.

Gagnants, les actionnaires de Suez se sont laissé séduire par la proposition que leur soit vendu le pôle environnement de Suez (ex-Lyonnaise des eaux). Le projet Sarkozy leur apportera une soulte de 8 à 10 milliards d’euros. À comparer au 1,2 milliard d’euros du projet Villepin… Gérard Mestrallet, le patron de Suez, a de plus réussi un coup : céder l’environnement sans en perdre le contrôle, apprend-on des spécialistes.

Les perdants seront à coup sûr les salariés et les abonnés au gaz. Les appétits financiers exigeront la fin des tarifs administrés du gaz et l’alignement sur les prix du marché. On comprend maintenant pourquoi il a été question, ces derniers mois, du maintien des tarifs de l’électricité et pas du gaz. Et plus question de maintenir un service public : égalité d’accès à l’énergie, services de proximité… Les usagers devront payer au prix fort leur accès.

Le fin du fin est que le nouveau groupe entrera en concurrence avec EDF. Ah ! Les belles batailles financières en perspective. Sarkozy aura ainsi d’autres occasions d’abdiquer devant les exigences du marché.

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