Dans les ANPE, maintenant !

Le « flicage » des sans-papiers franchit une nouvelle étape. Plusieurs syndicats de l’ANPE dénoncent en effet la consigne adressée à ses agents et à ceux des Assedic leur demandant de transmettre systématiquement aux préfectures les copies des titres de séjour et de travail des étrangers qui s’inscrivent comme demandeurs d’emploi. « Si l’on est dans l’obligation de le faire, on se réserve le droit d’appeler les agents à la désobéissance civile » , indiquait à l’agence de presse Éducation emploi formation (AEF) le secrétaire national du SNU/ANPE FSU, le 17 octobre dernier. « C’est choquant » , s’indigne Philippe Sabater, pour qui ces mesures s’inscrivent dans une logique plus large de « contrôles renforcés » des demandeurs d’emploi. « Nous sommes des conseillers emploi et non une police supplémentaire. »

L’Unedic « vérifie les papiers de tous les demandeurs, français ou non, pour éviter des inscriptions frauduleuses », tente de justifier Annie Thomas, présidente de l’Unedic, interrogée par l’AEF *. « Tous les salariés, français ou étrangers, ont les mêmes droits à l’assurance chômage. Ce qui compte pour nous, c’est leur situation de cotisants, pas leur nationalité. Et il n’y a aucune raison pour que cela change »* , assure-t-elle.

Dans un communiqué du 24 octobre, le SNU/ANPE FSU dénonçait pourtant « deux faits nouveaux d’intrusions policières dans le fonctionnement de l’agence » , en Rhône-Alpes et en Bretagne, qui font « craindre le pire » . Dans un cas, « une souricière a été organisée, en collaboration avec la police des frontières, pour la venue d’un demandeur d’emploi en entretien avec un agent de l’ANPE » . Dans l’autre, un agent de l’ANPE « a été interpellé par les Renseignements généraux au sujet d’un demandeur d’emploi » . Le syndicat s’indigne contre « ces méthodes qui rappellent des moments tragiques de l’histoire. » La Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et la Justice devraient être saisies.