Étudiants devant, syndicats derrière

Marjolaine Normier  • 15 novembre 2007 abonné·es

La mobilisation des étudiants contre la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) s’amplifie. Réunie à Rennes les 10 et 11 novembre, la coordination nationale, représentant les assemblées générales (AG) des universités, a annoncé que, sur les 25 universités en grève, 15 d’entre elles étaient bloquées. Les étudiants appellent à une radicalisation du mouvement avec formation de piquets de grève et blocage des universités et des gares. La coordination, qui « ne reconnaît pas et condamne toute négociation de syndicat », exprime une rancoeur déjà ressentie en 2006, et accentuée en juillet dernier. « Seuls les syndicats représentatifs que sont l’Unef, l’UNI, la Fage, la Confédération étudiante et la Promotion et défense des étudiants étaient présents à la table des négociations », explique un membre de la Fage. Les mobilisations actuelles prouvent que ces syndicats peinent à refléter l’ensemble des aspirations étudiantes.

La plupart des médias continuent pourtant d’accorder une place prédominante aux syndicats. Le Collectif étudiant contre l’autonomie des universités (Cecau), composé de la FSE, de SUD étudiant, de JC, de l’UEC et de la JCR, serait à l’origine de la mobilisation du 8 novembre. Or, si le Cecau a bien appelé à la grève, il l’a fait en précisant soutenir « l’auto-organisation » des étudiants et relayer les revendications de la coordination. Gêné aux entournures, le président de l’Unef, Bruno Julliard, a réussi le tour de force d’appeler la veille de la manifestation du 8 novembre « à amplifier le mouvement » sans demander l’abrogation de la loi. En outre, il rejette tout rapprochement avec les mouvements de salariés. Or, comme lors de la mobilisation contre la loi sur l’égalité des chances en 2006, les revendications ne sont pas uniquement étudiantes. Les AG ont voté contre la réforme de la protection sociale, contre les « lois anti-immigrés » et contre la réforme des régimes spéciaux. À Rennes, les étudiants ont appelé à « une convergence des luttes de tous les secteurs attaqués […] par le rouleau compresseur du gouvernement ».

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »
La Midinale 12 septembre 2025

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »

Safia Dahani, docteure en science politique, co-directrice de l’ouvrage Sociologie politique du Rassemblement national aux Presses universitaires du Septentrion, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre
Décryptage 11 septembre 2025 abonné·es

Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre

Plus de 200 000 personnes se sont mobilisées ce 10 septembre. Des chiffres qui dépassent largement les estimations du gouvernement, même si cela reste peu en comparaison de la lutte contre les retraites. Un tremplin vers la mobilisation intersyndicale du 18 septembre ?
Par Pierre Jequier-Zalc
« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »
Entretien 11 septembre 2025 abonné·es

« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »

Historienne et spécialiste des mouvements sociaux et des mobilisations féministes, Fanny Gallot appelle à « désandrocentrer » le travail pour appréhender la diversité du secteur reproductif, aujourd’hui en crise.
Par Hugo Boursier
10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »
Analyse 11 septembre 2025 abonné·es

10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »

Le 10 septembre devait rassembler tout le monde. Pourtant, les jeunes des quartiers populaires étaient peu représentés. Absents ou oubliés ? Dans les rassemblements, au sein des associations et pour les jeunes eux-mêmes, la question s’est posée.
Par Kamélia Ouaïssa