Mines de profit

Patrick Piro  • 15 novembre 2007 abonné·es

Sur la page d’accueil du site de la Banque européenne d’investissement (BEI)
^2, est présenté un document daté du 24 septembre : le« Guide des pratiques sociales et environnementales », laissant supposer une parfaite conformité aux meilleures pratiques en vigueur. Un contre-feu aux critiques ? L’association les Amis de la Terre <www.amisdelaterre.org>. vient en effet de livrer un rapport incendiaire sur l’inconséquence environnementale de la banque. Mal connue, celle-cigère pourtant 45 milliards d’euros de prêts, deux fois plus que la Banque mondiale ! Ellefinance des projets dans l’Union européenne, mais place aussi une partie de ses fonds à l’étranger. Et notamment, entre 2000 et 2006, surde grands projets miniers en Afrique ­ 364 millions d’euros ! ­, au service de grands exploitants européens, mus par la flambée des prix des matières premières. Une fébrilité soudaine, alors que les appétits chinois font trembler les opérateurs occidentaux : en 2006, tous les prêts de la BEI à la Zambie l’ont été pour des projets miniers (dont la plus importante mine de cuivre à ciel ouvert du continent), et, en juillet 2007, deux mégaprojets (à Madagascar et en RDC) ont capté plus de 300 millions d’euros de prêts !

Pour l’association, il s’agit d’une véritable dérive : la BEI contrevient grossièrement à la politique de développement de l’Union européenne qu’elle est censée servir. En RDC, où règne une propice anarchie, la BEI a même financé deux entreprises, Mopani et First Quantum, impliquées dans l’exploitation illégale de minerais. Le rapport est cinglant sur ses procédures en matière environnementale : des grands principes, un grand flou, un minimum de contraintes. L’estocade : « Seules quatre personnes travaillent pour l’unité Environnement » , relève-t-il, dans une institution qui examine plus de 300 projets par an. « Cette organisation minimaliste, dont la BEI se glorifie, lui permet de réduire ses coûts opérationnels, mais lui interdit d’examiner efficacement et de réduire les impacts environnementaux et sociaux des projets qui lui sont soumis. »

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »
Carte blanche 17 novembre 2025

COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »

En Équateur, les conséquences sanitaires l’exploitation d’hydrocarbure, qui pollue l’air et les eaux, sont connues depuis des décennies. Leonela Moncayo, 15 ans, mène un combat contre ces torchères avec les Guerrières de l’Amazonie. Témoignage.
Par Patrick Piro
COP des peuples : un mouvement mondial contre les grands barrages
Récit 17 novembre 2025 abonné·es

COP des peuples : un mouvement mondial contre les grands barrages

Organisée à Belém, la rencontre biennale des personnes affectées par les grands barrages a célébré sa structuration à l’échelle mondiale. L’objectif : affronter les nouveaux défis d’une transition énergétique qui, bien souvent, ne fait pas plus cas des populations qu’auparavant.
Par Patrick Piro
Devant une usine de pesticides BASF, paysans, malades et médecins dénoncent « une guerre chimique »
Reportage 17 novembre 2025 abonné·es

Devant une usine de pesticides BASF, paysans, malades et médecins dénoncent « une guerre chimique »

À Saint-Aubin-lès-Elbeuf en Seine-Maritime, une action d’infiltration a été menée ce 17 novembre dans une unité du géant industriel allemand, pour dénoncer la fabrication de produits interdits en Europe, tel le fipronil.
Par Maxime Sirvins
« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »

Philosophe et autrice de L’Être et la mer, Corine Pelluchon appelle à regarder l’humanité depuis l’océan, pour repenser sa place, appréhender sa vulnérabilité et ouvrir à un imaginaire de la solidarité.
Par Caroline Baude et Hugo Boursier