Ouf, la réforme démarre !

Patrick Piro  • 29 novembre 2007 abonné·es

C’est un bon gros soulagement qui a étreint le Conseil national (Cnir) des Verts samedi et dimanche derniers : la première étape de la rénovation des statuts du parti, impossible projet, a été validée par 71 % des délégués ­ un quasi raz de marée chez les écologistes !

Dans le détail, les Verts ont adopté la création d’un « conseil politique », instance intermédiaire entre leur gouvernement (collège exécutif, CE) et leur parlement (Cnir). Doté de 35 membres représentant les courants internes, il accueillera surtout neuf « grands élus » (député, sénateurs, etc.). Une première : jusque-là écartés de la gestion du parti, ils exerçaient leur liberté de parole à leur guise. Politique et réactif (il se réunira une fois par semaine), chargé de la coordination de la parole publique des Verts, ce conseil sera-t-il la pièce manquante du puzzle institutionnel vert, ou bien une nouvelle arène des affrontements internes ?

Adopté aussi, le principe du vote direct des adhérents sur des listes de candidats pour désigner la direction nationale, jusque-là issue de tractations épiques entre courants lors des nuits de congrès. La majorité disposera désormais de 8 des 11 postes au CE.

Autre décision : des points importants, parce qu’ils modifient les statuts du parti, seront soumis au vote des 8 200 adhérents que compte aujourd’hui le parti écologiste, par un référendum en décembre. Il s’agit de l’abaissement, de 60 % à 50 %, de la majorité requise pour les votes nationaux, de la possibilité d’adhérer au parti par Internet et pour 20 euros, ainsi que de l’allongement du mandat du CE de deux à trois ans.

À défaut d’une refonte en règle du parti, un gros toilettage, qui vise à donner plus de pouvoir ainsi qu’une efficacité renforcée aux instances nationales. C’est un mûrissement collectif, estimait la direction des Verts. Mais aussi un changement de culture, dont il faudra vérifier qu’il est accepté par les adhérents. Lors du prochain référendum de décembre ­ dont l’issue est loin d’être acquise ­, mais aussi à l’occasion du congrès de 2008, qui consacrerait la mise en application de la réforme. Entre-temps, les questions de fond reviendront à l’ordre du jour lors d’une « convention de l’écologie politique » probablement à l’automne prochain. Il sera alors temps de conclure si les Verts ont mis la charrue avant les boeufs en consolidant d’abord leur structure actuelle ( « pour sortir de l’immobilisme » ) avant de s’interroger sur un espace politique qui leur est contesté de toute part.

Politique
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Développer toutes les mutineries contre la classe dominante »
Entretien 17 avril 2024 abonné·es

« Développer toutes les mutineries contre la classe dominante »

Peter Mertens, député et secrétaire général du Parti du travail de Belgique, publie Mutinerie. Il appelle à multiplier les mobilisations contre l’Europe néolibérale et austéritaire sur tout le Vieux Continent.
Par Olivier Doubre
« Les Écolos, c’est comme les pirates dans Astérix qui se sabordent eux-mêmes » 
Politique 12 avril 2024 abonné·es

« Les Écolos, c’est comme les pirates dans Astérix qui se sabordent eux-mêmes » 

À la peine dans les sondages pour les élections européennes, avec une campagne qui patine, le parti écologiste se déchire sur fond d’affaire Julien Bayou. La secrétaire nationale, Marine Tondelier, tente d’éteindre le démon de la division.
Par Nils Wilcke
« Il est presque sûr que des eurodéputés RN ont reçu de grosses sommes de la Russie »
Entretien 11 avril 2024 abonné·es

« Il est presque sûr que des eurodéputés RN ont reçu de grosses sommes de la Russie »

À deux mois des élections européennes, l’ONG internationale Avaaz part en campagne contre le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen dont les sulfureux liens internationaux sont inquiétants.
Par Michel Soudais
« La gauche de demain doit être soucieuse d’un rassemblement démocratique »
Entretien 10 avril 2024 libéré

« La gauche de demain doit être soucieuse d’un rassemblement démocratique »

Le professeur de science politique Philippe Marlière est coauteur d’un court ouvrage étrillant la classe politique française et interpellant six personnalités (dont Hollande, Macron, Mélenchon). Pour lui, la gauche doit se repenser si elle souhaite devenir majoritaire.
Par Lucas Sarafian