De l’OGM à l’ADN…

Claude-Marie Vadrot  • 13 décembre 2007 abonné·es

Une dizaine de « faucheurs volontaires d’OGM » font l’affiche, ce jeudi, du tribunal de Cahors pour refus de se soumettre à « un prélèvement biologique destiné à leur identification génétique » . La semaine prochaine, à Orléans, ils seront une vingtaine devant un tribunal pour le même motif. Victimes d’initiatives de policiers agissant sur instructions du ministère de l’Intérieur, aucun de ces prélèvements n’ayant été ordonné par un juge d’instruction. « Récemment , explique l’avocat François Roux *, le président du tribunal de Douai a trouvé ce fichage abusif en rendant un jugement condamnant le prévenu à un euro d’amende avec sursis. Nous avons l’intention de plaider le détournement de la loi. Je remarque que les policiers n’ont pas osé demander de prélèvement à José Bové, qui faisait partie du même groupe de faucheurs. Notre thèse est simple : les récalcitrants, ayant agi dans un but désintéressé et pour préserver la santé publique, ne sont en aucun cas assimilables à des délinquants. »*

Dans de nombreuses affaires banales, les officiers de police judiciaire sont de plus en plus nombreux à exiger ces prélèvements. Attitude qui illustre le détournement d’une loi votée à l’initiative du gouvernement Jospin en 1998 : il s’agissait alors de ficher les délinquants sexuels. La gauche a ensuite élargi les motifs du fichage génétique aux actes de barbarie et de terrorisme, et plusieurs lois préparées par Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, ont étendu son application à 141 motifs, y compris « le trouble de l’ordre public » . Ce qui recouvre à peu près tout.

L’objectif du gouvernement est de constituer le plus rapidement possible le fichier génétique qui n’a pas encore été autorisé par le législateur. La politique du « fait accompli », avant que soit organisé le recours, par les entreprises, les organismes officiels et les assureurs, à une sorte de médecine prédictive, science dévoyée cherchant à déterminer les « chances » d’un individu d’avoir un cancer ou une maladie grave. Pour cela, il est nécessaire d’habituer la population à se soumettre à des prélèvements. Il appartient donc aux juges, aux avocats et aux militants d’organiser la résistance.

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