Délation décomplexée

Christine Tréguier  et  Politis.fr  • 12 décembre 2007 abonné·es

Après la réhabilitation du travail, le gouvernement Sarkozy s’attellerait-il à celle de la délation ? Le tract, pudiquement qualifié d’appel à témoin, distribué dans les rues de Villiers-le-Bel, est un premier signe. Ce qui choque n’est pas tant le fait que la police cherche des renseignements pour identifier les « snipers » qui ont tiré sur la police, mais la promesse de rémunération de ces témoins. Quel crédit accorder à des témoignages, si leur motivation est l’argent plutôt que la quête de vérité ?

Autre signe inquiétant, l’annonce récente dans le Var de l’ouverture d’une adresse mail où la police invite les citoyens à envoyer des textes, photos ou vidéos afin de signaler un délit. Cette opération serait à l’initiative de la Direction départementale de la sécurité publique du Var (et non du ministère de l’Intérieur) et c’est le commissariat central de Toulon qui réceptionnera et traitera les « renseignements ».

Pour le procureur de Toulon, il ne s’agit que d’ « un moyen supplémentaire de communication entre le citoyen et la police » . Mais l’UNSA Police, qui déplore l’absence de concertation avec les syndicats de police, voit les choses d’un autre oeil. « On a enveloppé ce service du plus beau vocabulaire afin de lui donner des lettres de noblesse qu’il n’a pas. Mais la réalité est là, et c’est bien une messagerie spécialisée dans la délation qui a été créée. » Une messagerie pilote qui préfigurerait une futur « brigade de renseignement de voie publique ». A quand le ministère du Civisme et de la délation tel qu’imaginé par un internaute juste avant l’élection présidentielle ?

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