Discrimination choisie

Thierry Brun  • 10 janvier 2008 abonné·es

La circulaire d’application du volet économique de la loi sur l’immigration, transmise aux préfets le 20 décembre, dont le contenu n’a été rendu public que le 28 décembre, accentue le caractère discriminatoire de la politique gouvernementale. En octobre, des « listes de métiers ouverts aux travailleurs étrangers » , présentées par le ministère de l’Immigration aux organisations syndicales, illustration de « l’immigration choisie » chère à Nicolas Sarkozy, avaient suscité l’indignation des syndicats et des organisations de soutien aux sans-papiers. Ces listes proposaient de restreindre drastiquement les métiers ouverts aux ressortissants non européens [^2]. Désormais, seuls 30 métiers sur 152, exigeant des diplômes du supérieur, concernent ces ressortissants. Il s’agit d’un « choix clair en faveur d’une immigration blanche et chrétienne » , dénonçait le président de France Terre d’asile (Lire « La liste blanche », Politis n° 977 du 22 novembre.).

Applicables depuis le mois de décembre 2007, les mesures de la circulaire vont exclure certains pays. La liste des origines géographiques des travailleurs étrangers pour lesquelles les préfectures peuvent désormais délivrer des autorisations de travail écarte les ressortissants algériens et tunisiens. Ceux-ci « n’ont droit à aucune de ces dispositions » , alors qu’ils représentent près de 30 % des entrées permanentes en France, en raison des dérogations prévues au titre du regroupement familial. Droits devant !!, association de soutien aux travailleurs sans papiers, a qualifié cette circulaire de « raciste » . Brice Hortefeux et Christine Lagarde ont trouvé une parade pour justifier cette exclusion massive du marché du travail : des accords bilatéraux avec ces pays ne prévoient pas la possibilité d’appliquer les dispositions de la circulaire, et des renégociations doivent avoir lieu. Quand ? On ne sait. En attendant, la machine à exclure les travailleurs algériens et tunisiens, en particulier les sans-papiers, pourra fonctionner à plein.

[^2]: Dans les Échos du 28-29 décembre 2007.

Temps de lecture : 2 minutes