Suspension de séance

Le jour des César, le milieu du cinéma appelle à une mobilisation contre les coupes budgétaires.

Christophe Kantcheff  • 21 février 2008 abonné·es

Ça continue. Depuis le 11janvier, le collectif de l’action culturelle cinématographique et audiovisuel, né à cette date lors d’un grand rassemblement fondateur au cinéma le Saint-André-des-Arts à Paris (voir Politis n°985), ne relâche pas la pression. Nouvelle étape du combat entrepris pour alerter et mobiliser: ce vendredi22février, jour de la cérémonie des César. Le collectif appelle en effet chaque cinéma indépendant à suspendre symboliquement les séances de 21h et à organiser des débats pour expliquer aux spectateurs présents les enjeux de cette mobilisation, au moment même où aura lieu la remise des prix pailletés devant les caméras de Canal+.

Les réductions budgétaires qui touchent durement l’action culturelle cinématographique en sont évidemment un élément crucial. Parmi les choix drastiques qu’elles sont aujourd’hui amenées à faire, les directions régionales des affaires culturelles sélectionnent notamment les festivals qui continueront à être aidés par l’État, vouant ceux qui sont écartés à un avenir sombre.

Le hasard(?) veut que ce désengagement de l’État soit accompagné par une offensive juridique de la part de certains opérateurs de l’exploitation commerciale (UGC, MK2…) contre des salles indépendantes, au motif que celles-ci pratiqueraient une «concurrence déloyale» . Salles municipales (comme le Méliès à Montreuil) ou privées (comme le Comoedia à Lyon), celles-ci réalisent un travail sans équivalent, tant du point de vue de la formation des publics, jeunes en particulier, que du point de vue de la programmation, notamment en faveur de films économiquement fragiles. Au coeur de ce que les professionnels de l’action culturelle défendent, il est donc bien question de diversité culturelle et de démocratie. Et il serait temps que les élus locaux et nationaux, pour la plupart encore muets sur le sujet, se manifestent.

La cérémonie des César sera-t-elle ce qu’elle prétend être: «la grande fête du cinéma français»? Àcette seule condition: que quelques-uns des artistes ou techniciens récompensés se fassent l’écho de la mobilisation en cours.

Culture
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