Des Vélib’ pour les beaux quartiers

Patrick Piro  • 6 mars 2008 abonné·es

Vélib’ côté cour, c’est «marche ou crève, le code du travail est totalement bafoué» , explique Thibault Prenez. Licencié en novembre dernier (en conciliation début mars) du service d’entretien Cyclocity de JCDecaux, où il montait une section du syndicat Solidaires, il raconte la face peu reluisante de la gestion au quotidien du parc de vélos parisiens: personnel mal équipé, harcelé par des «petits chefs», viré pour des motifs remontant à plusieurs semaines, trimbalant des sacoches de 25 kilogrammes de matériel de dépannage sur des vélos sans assistance électrique, «contrairement aux promesses» , etc. La régulation du nombre de vélos dans les stations ne se fait pas aussi naturellement que prévu, et le personnel est en surchauffe. «On passe notre temps à sillonner Paris.» Avec des camionnettes qui laissent plus qu’à désirer, selon Thibault Prenez: sans feux de recul ni frein de remorque, manquant de puissance pour leur charge, etc. Et des consignes de régulation pour le moins curieuses: «On a instruction explicite de remplir prioritairement les stations du quartier où le patron va déjeuner, ainsi que certains arrondissements ­VIIe, VIIIe, XVIe et XVIIe côté beaux quartiers, ainsi qu’autour de l’Hôtel de Ville, surtout en fin de semaine! Et ordre de ne plus prendre aucune initiative personnelle, même en cas de déséquilibre flagrant de stations le long de nos parcours.»

Dernière invention: faire tourner les camionnettes la nuit, à raison de 8 chargements par manutentionnaire, soit 3,5 tonnes par période. Bref, une vraie charge contre la gestion de JCDecaux, dont la mairie de Paris semble avoir pris conscience. «Quatre directeurs des relations humaines virés en quelques mois, c’est voyant!»

Quant aux vélos, il est admis qu’environ un tiers est en réparation. «Les dépôts en sont pleins. Après les chaînes et les paniers, ce sont les moyeux qui rouillent et cèdent, avec le temps pluvieux. À Paris, on a vraiment l’impression que Decaux tire sur la corde pour réduire ses coûts.»

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
Reportage 27 juin 2025 abonné·es

« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides

Plusieurs centaines de militants, paysans et habitants ont bloqué ce 27 juin cette usine de produits agrochimiques, à Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. À quelques jours du vote de la loi Duplomb, ils dénoncent un système agricole toxique qui empoisonne les corps, les sols et les récits.
Par Maxime Sirvins
VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre