Du rififi chez les patrons

Thierry Brun  • 13 mars 2008 abonné·es

Le Medef «ignorait tout des pratiques de l’ancien président de l’UIMM» . Ainsi en a décidé lundi le bureau de l’organisation patronale, dans une apaisante déclaration adoptée à l’unanimité. Le patronat a aussi réitéré son «attachement aux valeurs de transparence, de modernité et d’unité qui doivent caractériser le patronat du XXIe siècle» . Le président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, Frédéric Saint-Geours, a joué aussi l’apaisement, après avoir «soldé un siècle de pratiques opaques en moins de trois mois» ( leParisien du 8mars). Également en réunion lundi, la?fédération de la métallurgie a modestement «rappelé que la modernisation du patronat ne se ferait pas sans son unité» .

La guerre entre patrons, que certains qualifient rapidement d’«archéos» contre «modernes», connaît une trêve, au cours de laquelle certains d’entre eux en ont profité pour choisir leur camp et montrer que l’unité patronale est un vain mot. Arnaud Leenhardt, président de l’UIMM de 1992 à 1999, a soutenu ses collègues ex-présidents, Daniel Dewavrin et Denis Gautier-Sauvagnac, qui lui ont succédé. Ce qu’il rapporte est cocasse: selon lui, Laurence Parisot «avait demandé [à Denis Gautier-Sauvagnac] si les distributions d’argent se poursuivaient comme avant» ( leMonde du 11 mars). «Nous étions tous les trois dans les bureaux de l’UIMM, c’était en mai ou juin2007, en tout cas avant l’été.» À l’inverse, le prédécesseur de Laurence Parisot, Ernest-Antoine Seillière, affirme avoir été «tenu totalement à l’écart» des pratiques suspectes de l’UIMM.

On le voit, le patronat du XXIe siècle cherche encore à s’approprier les moyens de sa modernité libérale. La défense de ses intérêts sur les fronts sociaux et économiques bute sur l’épineuse question des mandats détenus par l’UIMM dans certaines instances nationales. Et sur le système occulte de distribution d’argent liquide de la même fédération. Il y a fort à parier qu’il y aura là quelques entorses à la transparence si chère aux partisans du libre jeu du marché.

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