Mérovée

Politis  • 20 mars 2008 abonné·es

Mérovée , de Nicolas Jones-Gorlin, n’est pas un roman policier mais un roman de police. La police sous toutes ses formes: ordinaire, avec un commissariat de banlieue déprimant. Criminelle, avec une bande de flics fachos qui «finissent» discrètement le sale boulot et inventent les règles d’une morale qu’ils mettent en oeuvre sous cagoule. Clandestine, avec une histoire d’amour impossible entre un flic et un Beur, Capulet et Montaigu d’aujourd’hui. Dans une langue qui travaille l’oralité, Nicolas Jones-Gorlin a un indéniable talent pour déclencher l’empathie avec ses personnages, y compris les pires d’entre eux, ce qui est bien la preuve que la littérature est «dangereuse». D’ailleurs, grâce aux bons soins d’une association de défense des enfants, l’écrivain avait goûté, pour son précédent roman, Rose Bonbon (Gallimard), aux joies d’une entrevue avec la brigade des mineurs, laquelle s’était révélée hermétique à la distinction entre auteur et personnage (pédophile). Mérovée constitue une bien intelligente réponse à la question du statut de la littérature. Théophile Gautier, dans la préface de Mademoiselle de Maupin , n’écrivait-il pas déjà en 1834: «Ce sont les livres qui suivent les moeurs et les moeurs ne suivent pas les livres» ~?

Culture
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