Ça ne mord plus

Un constat alarmant sur l’état des mers à travers le monde, où les poissons font défaut.

Jean-Claude Renard  • 10 avril 2008 abonné·es

Il y a quelques semaines, le magazine « Thalassa » consacrait un numéro au réchauffement de la planète. Comme les maux ne manquent pas, il se tourne aujourd’hui vers les mers, plonge dans les océans pour un autre constat, non moins inquiétant. De causes en conséquences. Pour nourrir une population qui s’accroît, on pêche de plus en plus de poissons. La demande a quasi doublé dans les quatre dernières décennies. Elle continue de progresser. Les protéines de poissons assurent ainsi la subsistance d’un milliard de personnes dans le monde.

La récolte s’élève aujourd’hui à cent millions de tonnes de poissons par an. C’est cinq fois plus qu’il y a cinquante ans. Des pêches gigantesques facilitées par la modernisation, la multiplication des senneurs équipés de radars et de filets sophistiqués pour ferrer des espèces plus loin, plus en profondeur.

Autres chiffres : la pêche et l’aquaculture représentent, plus ou moins à temps plein, près de trente-cinq millions d’emplois. 95 % de cette population vit dans les pays en voie de développement, pratiquant essentiellement une pêche artisanale. Ce qui fait trois fois trop de bateaux dans le monde. Tout se passe comme si la pêche marchait sur des oeufs avant de boire la tasse.

Deux reportages, de Gilles Legris et d’Isabelle Moeglin, illustrent les risques à venir, notamment au Sénégal, où des milliers de paysans, victimes de la sécheresse, sont venus s’ajouter à la masse déjà importante des pêcheurs, pillant les ressources naturelles.

Avec deux tiers des stocks de poissons (trop) pêchés, à ce rythme de surexploitation, dans une quinzaine d’années seulement, il n’y aura plus guère que des méduses pour garnir les assiettes. Méduses au beurre noir, méduses à l’oseille, méduses en meunière… Plat unique. À vot’ bon goût…

Certains poissons ont déjà disparu, tel le merlu, ou encore la morue. Le thon rouge est en sursis, sollicité prodigieusement par une cuisine japonaise très à la mode, entre sushis et makis. Pour enrayer ce qui semble déjà condamné, quelques entreprises existent, tels que les quotas stricts ou l’aménagement de récifs artificiels autour des côtes pour protéger les poissons. Une prise de conscience tardive.

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