Eau malfaisante

L’eau insalubre, liée au manque d’hygiène, est la première cause de mortalité au monde. Chaque année, 8millions de personnes, dont 1,8 million d’enfants, meurent dans une «hécatombe silencieuse» . 1,2 milliard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable, et 2,6milliards «n’ont pas accès aux conditions minimales d’hygiène» . C’est le constat tiré par l’association humanitaire Solidarités, dont la pétition contre un fléau qui «n’est pas une fatalité» a déjà rassemblé plus de 50000 signatures. Car si les États et l’ONU agissent dans le cadre des Objectifs du millénaire des Nations unies, «leur action n’est pas du tout suffisante» , regrette Alain Boinet, directeur général de l’organisation. Au-delà de la pétition, Solidarités mène sur le terrain des programmes d’accès à l’eau potable et à l’assainissement en Afghanistan, au Darfour ou en République démocratique du Congo.

Un chantier colossal, entre grands travaux et travail de fourmi. Sophie, responsable «sensibilisation à l’hygiène et éducation» à Niertiti, au Darfour, témoigne: «En sensibilisant les gens aux risques de maladies hydriques liées à la consommation d’eau insalubre, à l’importance d’utiliser du savon quand on se lave les mains, par exemple, nous permettons que l’eau reste propre, maillon après maillon.» Anne-Sophie, responsable «eau et assainissement» à?Kaboul (Afghanistan), apporte sa pierre à l’édifice en «construisant des puits, en améliorant la gestion des eaux usées et des déchets. […] Je n’avais pas imaginé les conséquences que pouvait provoquer un manque d’infrastructures tel que celui de Kaboul, en particulier le taux de mortalité très élevé des enfants de moins de 5ans». Dans les couloirs des instances internationales, Solidarités milite pour «un accroissement significatif et rapide des ressources financières nécessaires» , la création d’une Agence internationale pour l’eau et l’assainissement, et enfin la publication d’un rapport annuel sur l’état de l’accès à l’eau potable. Il y a urgence.