L’équitable au microscope

Chercheur au Cirad, Nicolas Bricas présente les enjeux du premier colloque international sur le commerce équitable à se tenir en France, du 14 au 16 mai*.

Thierry Brun  • 17 avril 2008 abonné·es

Quels seront les sujets mis en débat au colloque international sur le commerce équitable, qui se tient pour la première fois en France, du 14 au 16 mai, et que coorganise le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) ?

Nicolas Bricas: L’extension du marché des produits du commerce équitable dans les pays industrialisés pose de nombreuses questions. Certains considèrent que sa banalisation commerciale fait courir un risque de récupération du mouvement par le capitalisme. D’autres pensent au contraire que la croissance du marché des produits équitables signifie une montée en puissance de la revendication citoyenne d’équité dans les échanges internationaux. Elle permettrait au mouvement de renforcer son poids politique. Voilà l’une des controverses qui sera débattue lors du colloque. Mais l’on va débattre de bien d’autres choses… Depuis son origine, le commerce équitable est promu par des organisations non gouvernementales. Désormais, il est aussi défendu par des entreprises privées. N’importe quel opérateur peut déclarer qu’il fait du commerce équitable. Pour le moment, l’État n’intervient pas. Doit-il le faire? Et comment? Ce sera l’un des sujets des tables rondes qui réuniront des chercheurs et des opérateurs du monde entier.

Quels axes de recherche au Cirad concernent le commerce équitable ?

Depuis le début des années2000, les chercheurs en sociologie et en économie du Cirad s’intéressent au commerce équitable dans des filières internationales de produits tropicaux qu’ils connaissent bien: café, cacao, fruits et coton. Leurs travaux portent en particulier sur les effets du développement de ce type de commerce sur les conditions de vie et les capacités des producteurs.

En France, diverses enquêtes ont été menées par l’unité de recherche Moisa, à laquelle participe le Cirad, pour définir les représentations, les motivations et les pratiques des consommateurs face au développement de ce négoce. ces enquêtes ont notamment permis d’étudier comment ce type de commerce pouvait se combiner avec des préoccupations environnementales. Dans le cadre d’un projet de recherche-action, des circuits de commercialisation alternatifs ont été étudiés et mis en place en Languedoc-Roussillon pour tisser de nouvelles formes de relations entre ruraux et urbains. Autre sujet de débat: ces circuits de proximité relèvent-ils du commerce équitable?

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