Résistances / Faire table rase des armes de destruction massive

Les 3es Rencontres internationales pour le désarmement nucléaire, biologique et chimique se tiendront du 9 au 11 mai en Charentes-Maritimes, à Saintes, une ville qui tient à marquer son engagement.

Jean-François Hamon  • 30 avril 2008 abonné·es

DÉSARMER POUR VIVRE. L’exigence s’inscrit parmi les utopies les plus fortes de l’humanisme contemporain. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Paul Valéry notait : « Nous autres civilisations savons maintenant que nous sommes mortelles. » Avec la Seconde Guerre, avec Hiroshima et Nagasaki, la question du désarmement, décuplée par la dimension atomique, a redoublé d’urgence. Utopie au double sens du terme : indispensable démarche pour fonder un idéal à venir, et rêve presque vain devant l’inconscient prédateur de l’homme. Car ne cesse, en fait, la prolifération des armes, des plus terrifiantes aux plus radioactives comme celles dites à « uranium appauvri »…

Le chemin du désarmement sera donc forcément long et très ardu. L’agonie du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) entré en vigueur en 1970 plombe la coopération interétatique. Et conséquemment renforce la responsabilité « citoyenne »… Celle-ci s’affirme, lentement mais sûrement, en initiatives variées, qui vont du combat antimilitariste, du pacifisme militant ou de la défense civile non-violente à des actions et structurations citoyennes moins nettement idéologiques, telles celles inspirées par l’abolitionnisme, que prône de longue date la municipalité d’Hiroshima.

En 2000, la ville de Saintes a été la première à se proposer pour recevoir les Rencontres internationales pour le désarmement nucléaire, biologique et chimique, organisées par l’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire (ACDN). Une décision qui a été prise à l’unanimité par la municipalité, pourtant d’une autre couleur politique alors, rejointe par le réseau mondial Abolition 2000 qui milite pour l’abolition des armes nucléaires. Cette année, alors qu’elle reçoit du 9 au 11 mai les 3es Rencontres internationales pour le désarmement nucléaire (la manifestation a lieu tous les deux ans) Saintes a choisi de renforcer son engagement en adhérant, le mois dernier, au réseau des « Maires pour la paix », présidé par le maire d’Hiroshima et qui compte 2 195 villes réparties dans 127 pays, dont 90 en France.

L’ACDN a son siège à Saintes. L’association, se crée en 1996 pour « agir, notamment par une demande de référendum, en faveur d’un désarmement nucléaire, biologique et chimique, intégral, universel et contrôlé, dans le cadre d’un véritable système de sécurité internationale ». En mai 2001, elle organise, à Saintes donc, les premières Journées nationales du désarmement nucléaire, rassemblant toutes les associations abolitionnistes françaises. C’est à cette occasion qu’est allumée la Flamme du désarmement nucléaire, qui sera rallumée ce 8 mai. L’association a, depuis lors, saisi tous les motifs de l’actualité et multiplié les initiatives pour demander un référendum sur l’abolition des armes nucléaires en France, remettre en cause le développement du nucléaire civil, la prolifération de l’arme atomique et dénoncer sa gabegie et sa folie.

Lors des élections municipales de mars dernier, l’ACDN n’a pas manqué de questionner les candidats têtes de liste. À Saintes, les sept en lice avaient tous affirmé soutenir le désarmement nucléaire. Et certains n’avaient pas hésité à souligner le rôle proliférateur que joue la France. D’une part, en n’appliquant pas l’article 6 du TNP, qui l’engage « sans équivoque » à négocier avec les autres États nucléaires l’élimination de tous les arsenaux, et bien sûr à ne pas fabriquer d’autres armes nucléaires – ce qu’elle fait pourtant, scandaleusement et illégalement, avec en particulier le nouveau missile M-51 [voir Politis n° 981-82]. D’autre part, en diffusant des technologies et des matériaux nucléaires (commercialisation du nucléaire civil comprise).

Quelques semaines après le lancement du quatrième sous-marin nucléaire lance-engins de nouvelle génération – un nouveau Terrible (surtout terrible par son coût, autour de 2,25 milliards d’euros…) –, l’ACDN reviendra durant ces 3es Rencontres, avec d’autres acteurs du désarmement venant de diverses régions de France, d’Europe et du monde, sur l’actualité des questions autour de l’arme nucléaire (l’Iran, la duplicité du dernier discours sarkozyen, l’état des lieux du désarmement, ses étapes nécessaires, etc.) pour contribuer à cette mobilisation des citoyens soucieux de libérer la planète de la menace de l’autodestruction.

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