Retour vers le passé

En matière d’enseignement, la rupture sarkozyste tourne
le dos aux innovations pédagogiques et aux tentatives d’installer une école unique.

Politis  • 8 mai 2008 abonné·es

Carte scolaire

Conformément aux engagements pris par le président de la République, le ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, a annoncé en Conseil des ministres, le 25 juillet 2007, un assouplissement de la carte scolaire effectif dès la rentrée 2007, première étape vers sa disparition progressive. Devant améliorer la mixité sociale et géographique dans les établissements et renforcer l’égalité des chances, la suppression de la carte scolaire installe la libre concurrence entre les établissements et ouvre la porte à un système de sélection, notamment sociale.

Autonomie des universités

La loi sur l’autonomie des universités dite LRU, présentée par Valérie Pécresse et promulguée le 10 août 2007, a été une des premières réformes à passer. L’autonomie porte sur trois volets : le patrimoine (locaux et mobilier), la globalisation des crédits et les ressources humaines. Concernant le mode de gouvernance, la loi renforce le pouvoir des présidents d’université et restreint le nombre de membres des conseils d’administration, où les représentants extérieurs sont plus nombreux que les représentants étudiants. Le volet financier entérine un désengagement financier de l’État, encourage une politique d’emploi fondée sur la contractualisation, et ouvre la possibilité de faire appel à des fonds propres via la création de fondations ou le recours à des bailleurs. Les universités sont engagées sur la voie de la privatisation. Les plus zélées seront récompensées financièrement. À craindre : un dépérissement des plus fragiles, des filières les moins rentables, une sélection à l’entrée et une forte augmentation des frais d’inscription induisant une sélection sociale de fait.

Suppressions de postes

Xavier Darcos a annoncé le 23 août 2007 la suppression de 11 200 postes dans le secondaire à la rentrée 2008 pour endiguer le non-remplacement des départs à la retraite des fonctionnaires et réduire le volume horaire des élèves. Depuis, élèves, parents d’élèves et professeurs s’interrogent : comment faire mieux avec moins ? Ils redoutent le gonflement des effectifs par classe, les disparitions d’options et des groupes de travail en effectif réduit, la baisse du nombre d’encadrants dans les établissements et l’explosion des heures supplémentaires qui, comme elles ne pourront pas toutes être effectuées, entraîneront la suppression de certains enseignements et/ou classes.

Programmes du primaire

Retour aux fondamentaux : l’idée couvait depuis un moment, Xavier Darcos l’a validée le 29 janvier 2008 en annonçant « une nouvelle école primaire pour la rentrée prochaine » . Centré sur l’apprentissage du français et des mathématiques, le nouveau programme de primaire diminue le volume horaire global en supprimant les cours du samedi matin et l’heure de sport supplémentaire initialement promise : le temps annuel d’enseignement passe de 936 heures à 864. Deux nouveaux enseignements ont été introduits : instruction civique et morale, et histoire des arts (20 heures par an). Les nouveaux programmes privilégient l’accumulation des savoirs via des apprentissages mécaniques au détriment de la réflexion et de l’expérimentation, et en négligeant le développement psycho-affectif des élèves. Un retour à l’ancienne.

École nationale de la magistrature

Rachida Dati a présenté, le 22 février, un projet de réforme de cette école, créée dans la foulée de Mai 68. Les 21 points de ce projet comprennent notamment une réduction à 26 semaines de la formation initiale hors stages (au lieu de 30 actuellement), une période de spécialisation plus longue, une modification de la composition du jury d’admission ainsi que l’introduction de tests psychologiques lors de l’admission afin de « repérer d’éventuelles fragilités » . « Une manière de stigmatiser les magistrats » , selon l’USM, syndicat majoritaire. Un changement du mode de recrutement des enseignants, privilégiant les vacataires ponctuels, est très critiqué par le Syndicat de la magistrature, à l’origine de plusieurs plaintes auprès de la Halde pour discrimination syndicale dans l’embauche des chargés de cours.

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