Six heures pour la Palestine

À l’initiative d’une quarantaine d’associations, un rassemblement culturel et politique a rappelé que la création d’Israël était pour les Palestiniens synonyme de massacres et d’expulsions.

Denis Sieffert  • 22 mai 2008 abonné·es

La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine a gagné son pari. Quelque quatre mille personnes ont participé samedi après-midi au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris, à un rassemblement sur le thème : « 60 ans après, la paix par le droit ». Il s’agissait pour les organisateurs de proposer un autre point de vue sur les événements de 1947 et 1948 en Palestine au moment où les célébrations de la création de l’État d’Israël occultent la face sombre de ces mois de destruction, d’expulsion et de guerre. « Aujourd’hui, personne ne peut nier que la création d’Israël a représenté une immense injustice pour les Palestiniens » , a notamment déclaré l’historien israélien Avi Shlaim.

Pour sa part, Elias Sanbar, historien palestinien, a souligné qu’au moment où, le 15 mai 1948, débutait la guerre entre Israël et les armées arabes, « 400 000 Palestiniens avaient déjà été expulsés du territoire conquis par Israël ». « Il ne s’agit donc pas d’une guerre d’autodéfense [d’Israël], mais bien d’une guerre d’expulsion » , a-t-il noté. Elias Sanbar a également insisté sur « l’intentionnalité » du plan d’expulsion. L’histoire dans ce conflit ayant toujours des résonances actuelles, Avi Shlaïm a conclu, « en tant que chercheur et être humain, être pour que le droit international s’impose à tous ». « Cela vaut, a-t-il dit, pour le droit au retour comme pour le retrait d’Israël de tous les territoires occupés. »
Dans un débat tourné vers les perspectives, le journaliste israélien Gideon Levy a dit la honte qu’il éprouvait pour son pays « car c’est mon gouvernement, mon armée, mes amis qui sont responsables de cette occupation brutale » . Et s’est prononcé pour le dialogue avec le Hamas : « C’est toujours avec son ennemi que l’on fait la paix » , a-t-il commenté. Ancien ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Ziad Abu Amr a notamment invité à une réflexion sur l’État binational. Véronique de Keyser, députée européenne belge, Adel Etieh, qui représentait Leïla Shahid (qui avait adressé un message au rassemblement), ainsi que le député UMP des Yvelines, Étienne Pinte, qui représente dans ce dossier une certaine tradition gaulliste, ont souligné les faiblesses de l’Union européenne comme acteur politique, non sans préciser que l’Europe avait cependant les moyens d’agir, notamment parce qu’elle est un partenaire économique de premier plan d’Israël. Véronique de Keyser a regretté que l’Europe « ait choisi ses partenaires, refusant de dialoguer avec le Hamas, dans un véritable déni de légitimité ».
Parmi les moments importants de la journée, il y eut l’intervention de Hind Khoury et la lecture du message adressé par le plus célèbre des prisonniers politiques palestiniens, Marwan Barghouti. « Votre soutien […] contribue à fortifier mon élan, ma volonté et ma capacité à défier l’occupant, et ceci du fin fond de ma petite cellule sombre en prison, depuis laquelle, en dépit de son obscurité et de son étroitesse, j’entends votre voix haute et forte en soutien à notre peuple. »

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