L’argent

Politis  • 12 juin 2008 abonné·es

Réalisé en 1928, l’Argent, adapté du roman éponyme d’Émile Zola, est le dernier film muet de Marcel L’Herbier. Étrange carrière que celle de L’Herbier, dont la seconde partie, celle du parlant, s’est abîmée dans les facilités commerciales, alors que ses œuvres du muet témoignent d’une forte ambition esthétique. L’Argent est incontestablement son chef-d’œuvre. Il témoigne d’un esprit disponible aux innovations techniques que, non adulte encore, le cinéma offrait, d’autant que le cinéaste avait à sa disposition des moyens importants. Avec ses caméras mobiles (sur des treuils, des palettes…), L’Herbier fait ainsi montre d’un sens des volumes et de l’espace éblouissant (notamment dans l’immense bâtiment de la Bourse). Le cinéaste compose des plans magnifiques, avec des mouvements de foule ou, au contraire, avec quelques personnages, dont Pierre Alcover et Brigitte Helm sont les interprètes les plus intenses. Il faut reconnaître que leurs personnages, êtres calculateurs traversés de désirs et de pulsions, sont les plus passionnants.

Dans le coffret de deux DVD que propose Carlotta, le film bien sûr, restauré et doté d’un nouvel accompagnement musical signé Jean-François Zygel, et une série très riche de compléments. En particulier, un making-of d’époque, Autour de l’Argent, réalisé par le cinéaste Jean Dréville, et sonorisé en 1971, qui insiste sur les prouesses techniques ; un documentaire consacré au cinéaste, Marcel l’Herbier, poète de l’art silencieux, de Laurent Véray, nourri par le savoir et les réflexions d’historiens du cinéma ; ou les essais, muets bien sûr, passés par des comédiens retenus pour le film (Jules Berry) ou non (Gaby Morlay).

L’Argent, Carlotta, 2DVD.

Culture
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