« L’histoire martiniquaise est toujours occultée »

Guy Deslauriers revient sur les difficultés rencontrées pour réaliser et diffuser son film.

Xavier Frison  • 3 juillet 2008
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Pourquoi avez-vous souhaité faire un film sur André Aliker ?

C’est un projet qui m’est apparu depuis très longtemps comme une nécessité, quelque chose de vital. André Aliker fait partie intégrante de l’histoire martiniquaise, qui continue à être occultée. Personne n’avait pris le temps de porter l’engagement de cet homme à l’écran.

La genèse du film semble bien chaotique…

La sortie en salle était initialement prévue en mai 2008. Mais il est très difficile d’obtenir des financements pour le cinéma en Martinique. De plus, pour ce film politique, les chaînes de télévision et les ministères de la Culture et de l’Outre-mer, qui nous soutiennent habituellement, sont aux abonnés absents. Par ailleurs, nous avons perdu deux semaines de tournage à cause d’une pellicule retrouvée détériorée. Les gens de la profession n’ont jamais vu ça, le fournisseur et les assurances non plus. Nous avons porté plainte contre X pour détérioration de matériel.

Avez-vous subi des pressions ?

Pas directement, mais les békés se sont donné le mot pour empêcher le film de se faire. Nous ne sommes pas des ennemis des héritiers, ce sont des Martiniquais comme les autres, et nous travaillons avec eux sur d’autres projets. Mais toutes les sociétés ou administrations dans lesquelles siègent les békés nous ont refusé des soutiens qu’ils accordent habituellement. De nombreuses autres sociétés ont refusé de nous soutenir, de peur de brouiller leurs relations commerciales avec les békés. D’autres encore nous ont soutenus à condition que leur nom ne soit pas cité.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Il manque plus de 100 000 euros pour terminer le film. Mais il faut souligner que le budget total, qui sera de trois millions d’euros, aurait été trois fois supérieur si tous les participants n’avaient pas fait de gros efforts financiers. L’objectif, désormais, est de pouvoir présenter le film dans les festivals en septembre, avec une sortie en salle fin 2008.

Temps de lecture : 2 minutes
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