Sociologie du public

Gilles Costaz  • 10 juillet 2008 abonné·es

Depuis quinze ans, des sociologues examinent le public du festival d’Avignon. Emmanuel Ethis, Jean-Louis Fabiani et Damien Malinas publient une nouvelle étude, Avignon ou le public participant. Ce livre reprend des travaux antérieurs et les complète à la lumière d’enquêtes récentes. L’idée générale est qu’autour du palais des Papes les spectateurs sont plus concernés qu’ailleurs. Comparé au Festival de Cannes, le rendez-vous d’Avignon est exemplaire par sa distance prise avec le star-system et par ses débats démocratiques. À la création, Jean Vilar a voulu associer les spectateurs à la réflexion commune. Avec les directeurs actuels, Hortense Archambault et Vincent Baudriller, ils sont tout autant, et différemment, « participants ». Mais qui sont-ils ?

« Près de 20 % des spectateurs ont quelque chose à voir professionnellement avec le monde du théâtre, écrit Ethis. Près de 60 % possèdent une formation universitaire, et 90 % ont le baccalauréat. Ceci étant entendu, ouvriers et employés représentent aujourd’hui près de 6 % des festivaliers. De même, si le public d’Avignon est composé de 23 % de Parisiens, la sphère régionale, elle, fournit près de 35 % des spectateurs du festival, ce qui montre un ancrage de la manifestation sur son territoire de manière très affirmée. »

À vrai dire, rien de très nouveau dans ces radiographies, mais les auteurs ont la belle volonté de faire connaître la nature et les points de vue du public. Ils donnent, par exemple, une grande place à un couple d’obèses qui a décidé de ne plus venir pour ne pas être l’objet de regards déplacés, et montrent combien les points de vue critiques des festivaliers valent bien ceux de la presse. On notera quand même que nos sociologues, bienveillants avec tout le monde, le sont avec eux-mêmes ; ils adorent citer leurs propres ouvrages et ceux de leurs confrères les plus proches : ce petit monde se distribue de lui-même et sans attendre les éloges qu’il mérite.

Culture
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