Réflexion sur la diversité

Ingrid Merckx  • 20 novembre 2008 abonné·es

« Qu’est-ce que la diversité ? » , a lancé Dominique Bromberger, journaliste à France Inter, lors du colloque organisé par l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), le 12 novembre à Paris. Derrière l’intitulé de cette rencontre – « Diversité et rayonnement de la France » –, la volonté de revenir sur une question que l’élection de Barack Obama, le désaveu de « la Marseillaise » dans un stade ou le retour du débat sur les lois mémorielles rendent brûlante.
S’il a beaucoup été question du Président américain le matin, l’après-midi a démarré avec des échanges reliant la réflexion sur la diversité à celle sur « l’identité française » , ou plutôt « les identités » . En France, « “diversité” renvoie à une panoplie de sens et regroupe origines, genres, différences socio-économiques, religieuses, d’âge, de handicap… » , a résumé Junko Takagi, cotitulaire de la chaire « diversité et performance » à l’Essec. Selon elle, la diversité à la française souffre d’un manque « d’identité sociale », tandis qu’aux États-Unis elle s’applique « aux différences ethniques et/ou raciales ».
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*« On est quand même dans une phase d’ethnicisation de la diversité »
, a objecté Vincent Geisser. Politologue et chercheur à l’Iremam, il a déploré que la diversité, « utilisée à tout va » par les pouvoirs publics, ne témoigne pas d’une prise en compte des discriminations et vienne masquer des effets pervers. Exemple : « l’assignation communautaire » dont pâtissent certains, ou cette « diversité exotique » ou « cosmétique » qui se répand sans qu’on modifie réellement les modes de représentation, notamment politique. Président de l’Association pour la promotion et la défense des cultures asiatiques, Félix Wu a expliqué qu’il s’était porté candidat aux municipales à Paris parce « qu’il y avait un manque dans la représentation de la diversité en France entre Fadela Amara et Rama Yade… ». Tandis qu’il proposait d’instaurer une « politique de quotas » permettant de former les candidats à l’immigration et de leur offrir un système de « droits progressifs » , Vincent Geisser rétorquait que le problème n’était pas seulement les politiques migratoires mais le fait que les Français « issus de l’immigration » soient encore considérés comme « immigrés » . « Quand on est membre du PS depuis vingt ans, à 47 ans, est-on encore un « jeune militant beur » ? », a-t-il grincé. D’après lui, l’identité française a été « manipulée », il serait donc temps d’en venir à l’autocritique, aux cours sur la mémoire, et surtout au non-cumul des mandats, qui permettrait de renouveler les représentants des citoyens.

Société
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