De la misère en milieu paysan
Un quart des agriculteurs vit sous le seuil de pauvreté en France, laminés par la politique de baisse des prix. La filière laitière, notamment, connaît une grave crise. Témoignage.
dans l’hebdo N° 1029 Acheter ce numéro

Dès que l’on évoque la difficulté de sa situation, Rémy Tassin, agriculteur à Saint-Brisson, dans le Loiret, rétorque : « Sans doute, mais pas autant que celle des gens qui vivent sous une tente au bois de Vincennes. » Membre de la Confédération paysanne depuis une vingtaine d’années, cet homme de 57 ans tient avec son fils Alexandre une exploitation agricole de 105 hectares, avec 45 vaches laitières. Désormais, Rémy rêve d’une « grève du lait » qui ferait plier les industriels et les coopératives, « dans lesquelles le paysan de base n’a plus voix au chapitre. Ce sont des entreprises, et à leur conseil d’administration on ne va pas nommer de grandes gueules, encore moins des adhérents de la Confédération. Alors, à la Sodiaal, qui revend notre lait à des boîtes comme Yoplait ou Candia, ils font ce qu’ils veulent. Coopérative, le nom ne veut plus rien dire ».
Rémy Tassin, producteur de lait à Saint-Brisson (Loiret). Claude-Marie Vadrot
Visite guidée de la ferme solitaire au milieu des bois et des champs – c’est aussi cela, les agriculteurs : une solitude qui s’accroît chaque année. Il fait froid, il a plu, la boue est au rendez-vous. Les vaches sont rentrées à l’étable pour l’hiver, après une saison de pâturage. Rémy fait son foin et son maïs avec un minimum d’engrais, grâce au fumier : « Nous sommes autonomes, nous refusons l’intensif. Nous produisons 330 000 litres de lait par an, ce qui donne une marge brute
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