Les listes unitaires s’imposent

Michel Soudais  • 23 décembre 2008 abonné·es

L’« Appel pour une autre Europe » qui plaide en faveur de la constitution de listes unitaires aux européennes de juin prochain rencontre un écho de plus en plus important. Lancé il y a deux semaines dans le Monde et dans nos colonnes, ce texte avait déjà recueilli 3 000 signatures sur le site de Politis , à la veille de la trêve des confiseurs. Il est aussi régulièrement évoqué dans les réunions de la gauche authentique. Surtout par ceux, nombreux, qui veulent à ce scrutin construire l’unité antilibérale la plus large possible, en reproduisant la dynamique politique qui s’était créée autour du « non de gauche » sur le traité constitutionnel européen en 2005. Mais il en est aussi, à la direction de la bientôt future ex-LCR notamment, à qui cette perspective déplaît. Non qu’ils soient contre l’unité. Personne n’est jamais contre l’unité, mais ils l’assortissent de conditions qui ont toutes les chances de la rendre impossible.

Pour éviter les arguments dilatoires, il est utile de rappeler deux données essentielles de ce scrutin. La première est qu’aucune liste ne peut espérer avoir d’élu si elle ne fait pas au moins 7 % dans une des huit grandes circonscriptions interrégionales. La dispersion des opposants de gauche au TCE risque fort d’aboutir à ce que le « non », pourtant majoritaire en 2005, n’ait plus aucun représentant au Parlement européen. Dans le cas, assez improbable, où de cet émiettement émergeraient des élus, à quel groupe du Parlement européen se rattacheraient-ils ? Selon toute vraisemblance, ils siégeraient au sein de la GUE, comme ce fut le cas en 1999-2004 quand les élus LO-LCR avaient demandé leur apparentement à ce groupe présidé par le communiste français Francis Wurtz, élu sur une liste concurrente. C’est la seconde donnée de ce scrutin. Comment dès lors justifier auprès des électeurs de gauche l’existence de listes concurrentes si leur destin est de cohabiter dans le même groupe parlementaire ? Conscients de la difficulté, les responsables de la LCR assurent depuis quelques jours que leurs élus constitueraient un nouveau groupe anticapitaliste. Pour cela, il leur faudrait trouver au moins 25 élus de 7 pays membres de l’UE. Une perspective bien hasardeuse.

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