Retrouvailles

La musique de Mercury Rev se remet en mouvement et retrouve grâce, mystère et inventivité.

Jacques Vincent  • 18 décembre 2008 abonné·es

À ses débuts, Mercury Rev produisait une musique formidable faite de longs morceaux foisonnants et totalement imprévisibles, un univers sonore luxuriant composé d’un enchevêtrement incroyable de lignes musicales toujours en mouvement provenant d’innombrables instruments en tous genres. C’était comme une jungle sonore truffée de mélodies virevoltantes.
Petit à petit, une pop plus grandiloquente a pris la place de cette exubérance. Cette évolution, malgré quelques magnifiques réussites qui ont d’ailleurs donné au groupe son heure de gloire, a aussi marqué une baisse dans l’originalité de la musique. À force d’axer sa pratique sur des arrangements semblables à de lourdes tentures, Mercury Rev a fini par gommer un aspect essentiel de ses compositions : le fourmillement sonore. Devenues plus statiques, elles étaient aussi moins passionnantes.
Heureusement, ce nouvel album renoue avec l’esprit des débuts, sans revenir pour autant au style des premiers albums mais en retrouvant un certain nombre de leurs caractéristiques. La première, et la plus importante, est un sens du mouvement et de la dynamique, à travers les relances perpétuelles parfois assez spectaculaires, ces attaques massives, bombardements sonores produits par les machines omniprésentes qui font exploser les passages flottants et les nombreuses séquences répétitives. La seconde est d’être redevenue inventive.

Le résultat est une matière sonore dense et mouvante qui, combinée à la voix irréelle et hypnotisante de Jonathan Donahue, absorbe totalement l’auditeur. C’est une musique impressionniste faite d’une palette de sons très étendue qui mêle les sons classiques, les sons électroniques, les samples (voix d’enfants, bruit de pluie) et les voix, et joue fréquemment sur les contrastes, faisant se côtoyer par exemple percussions cristallines et basses profondes. L’ensemble engendre un monde onirique qui rappelle les meilleures productions de ce que l’on appelait rock progressif dans les années 1970.

Culture
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