Aux origines néolibérales de l’Europe
Dans leur essai
« La Nouvelle Raison du monde », qui paraît
ces jours-ci à La Découverte,
Pierre Dardot et Christian Laval retracent l’histoire du néolibéralisme.
Politis en publie
les bonnes feuilles.
dans l’hebdo N° 1037 Acheter ce numéro
En mai 1955, dans un texte intitulé « Considérations sur le problème de la coopération ou de l’intégration », Ludwig Erhard (le futur chancelier) écrit que l’Europe devrait viser l’ « intégration fonctionnelle » , c’est-à-dire la libéralisation généralisée des mouvements de biens, de services et de capitaux, et la convertibilité des monnaies, et non la « création d’institutions toujours nouvelles » . En réalité, le gouvernement allemand était divisé entre les fédéralistes et les ordolibéraux [voir encadré p. 28, NDLR]. Les premiers visaient une unification politique qui passait par une intégration économique progressive, les seconds optaient pour une économie de marché européenne et une intégration dans le grand marché mondial. Le marché commun de 1957 est en fait le résultat d’un double compromis, entre la France et l’Allemagne, et entre tendances à l’intérieur du gouvernement