De la musique en couleur

Le festival Sons d’hiver s’ouvre en beauté avec
la flûtiste Nicole Mitchell et son trio Indigo.

Denis Constant-Martin  • 22 janvier 2009 abonné·es

La flûte a eu du mal à gagner sa place dans le jazz. Jugée frêle et manquant de mordant, elle fut souvent restreinte à des rôles de coloration. Après Dave Newman avec Ray Charles et Frank Wess chez Count Basie, Roland Kirk et Eric Dolphy démontreront qu’elle peut aussi sinuer, ronfler, s’érailler, swinguer ; bref, qu’elle possède une palette sonore très large, capable de servir les formes les plus modernes.
James Newton, qui se consacra exclusivement à cet instrument, importa des techniques de la musique contemporaine et de l’Orient. Il fut l’un des maîtres de Nicole Mitchell, qui, aujourd’hui, n’a plus besoin de revendiquer une place pour la flûte mais peut mettre sa versatilité au service de l’exploration musicale.
Connue pour son travail en formation étoffée (le Black Earth Ensemble), soliste sous d’autres directions, elle a décidé de se présenter cette fois « à découvert », dans le cadre d’un trio effervescent (Harrison Bankhead, basse ; Hamid Drake, percussions), où elle peut donner libre cours à son imagination improvisatrice. Elle garde la liberté harmonique du free-jazz, sa mobilité rythmique pour travailler la ligne. Elle virevolte en recourant aux microtons, en tuilant sans cesse les couleurs grâce aux modifications du souffle, et rend agréablement accessible une musique d’une grande exigence.

Culture
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