L’affaire des trains fantômes

SNCF. Un syndicaliste de SUD-Rail donne sa version des faits qui ont entraîné la fermeture de la gare Saint-Lazare.

Thierry Brun  • 29 janvier 2009 abonné·es

Selon la version de Nicolas Sarkozy, lors de la grève qui a paralysé la gare Saint-Lazare le 13 janvier, les usagers se sont « retrouvés devant des grilles fermées tout simplement parce qu’une organisation irresponsable essaie de tourner la loi [sur le service minimum], se moquant de son outil de travail, de la déontologie du service public et portant gravement atteinte à l’image d’une entreprise exceptionnelle » . Des propos « particulièrement durs et calomnieux », ont estimé Christian Mahieux, secrétaire fédéral de SUD-Rail, ainsi que les cheminots présents ce jour-là.
Agent d’aiguillage et syndicaliste à SUD-Rail, Fabio Ambrosio était de ceux-là et raconte : « Tout au long des trente jours de grève des agents de conduite, la SNCF s’est entêtée semaine après semaine à annoncer un service normal. Les voyageurs étaient exaspérés – je me mets à leur place. Puis, le lundi soir, un conducteur se fait agresser. Les agents de conduite et leurs représentants, toutes organisations syndicales confondues, font ce qu’ils ont toujours fait, ils posent le sac. Tous les agents de conduite cessent le travail. Mardi, vers 10 heures, plus un train ne roule. La direction nationale comprend qu’il y a un problème et qu’il faut négocier. Le directeur de la traction, responsable des agents de conduite, appelle la fédération SUD-Rail et les autres syndicats. Les revendications sont à nouveau présentées à la direction. Vers 12 h 30, l’affaire est réglée : la direction de la traction reprend une grande partie de ce que veulent les conducteurs. Il s’agit donc d’une avancée très significative, et les grévistes sont consultés.
Entre-temps, la direction de la traction explique que c’est le directeur de l’établissement qui doit prendre la décision. Les organisations syndicales sont convoquées à 14 h 30. D’où les hésitations : les syndicats, dont SUD-Rail, ont déjà présenté aux agents ce qui a été négocié en haut lieu et se sont rendu compte que la direction de l’établissement est en retrait sur tous les points abordés le matin. Du coup, la discussion tourne à l’engueulade.
Finalement, la réunion s’achève et confirme les décisions du matin. Mais il est 16 h 30. Les syndicats apprennent en écoutant les informations et en étant contactés par certains journalistes que le trafic doit reprendre vers 17 heures à Paris-Saint-Lazare. Ce qui provoque de nouvelles inquiétudes car la direction régionale est aux abonnés absents. Et celle-ci nous apprend qu’elle a convoqué elle aussi plusieurs réunions dans l’après-midi. Nouveau cafouillage. Après 18 heures, les syndicats annoncent à la direction que le travail a repris. Mais l’ouverture des grilles n’a lieu qu’à 19 h 10. Or, tout devait être terminé au plus tard à 15 heures. »

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