Toujours détenus

Cela fait soixante-quatre jours que Julien Coupat et Yldune Lévy, les incarcérés de Tarnac, sont privés de liberté. Déjà soupçonnés d’avoir saboté des lignes TGV, sans aucune preuve pour le moment, les deux jeunes gens et leurs camarades de Tarnac sont maintenant soupçonnés par les policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) d’être mouillés dans les divers incendies d’ANPE et d’antennes Assedic perpétrés entre 2005 et 2007. En attendant d’en savoir plus sur ces nouvelles accusations, Me Irène Terrel, l’avocate de Julien Coupat, a déposé le 9 janvier une nouvelle demande de mise en liberté. Sans se faire d’illusions. La demande est en effet transmise au parquet puis au juge des libertés et de la détention (JLD), et l’avocate sait que, quoi que décide celui-ci, la chambre de l’instruction peut encore une fois user de la procédure de référé détention (prévue par la loi Perben de 2002) pour « bloquer la liberté » de son client.

Déjà, le 19 décembre, le JLD avait accordé la remise en liberté de Julien Coupat (mais pas celle de sa compagne, au motif qu’elle « n’avait pas encore été entendue » ). Le parquet avait immédiatement fait appel, et la cour d’appel de Paris avait validé le maintien en détention du jeune homme. Preuve de l’incongruité d’une procédure qui permet au parquet de contrer sans plus d’argument la décision d’un juge du siège. Irène Terrel avait alors dénoncé un verdict « non conforme aux exigences légales du droit français et du respect de la présomption d’innocence » . « Si jamais ils ne sortent pas, ce que j’imagine, prévient cette fois-ci l’avocate, nous serons amenés à réagir. Ces personnes n’ont pas de casier judiciaire, on ne leur reproche – et encore sans en apporter les preuves – que des dégradations matérielles qui ont occasionné des retards de train ! La présomption d’innocence devrait s’appliquer, la rétention devrait être l’exception, et ils ont l’un et l’autre plein de garanties de présentation. On est dans le plus total dysfonctionnement de la justice ! »