Une furieuse envie de nucléaire

Après la crise gazière russe, plusieurs pays de l’Est de l’Europe envisagent de remettre en marche des centrales hors d’âge, potentiellement dangereuses.

Claude-Marie Vadrot  • 29 janvier 2009 abonné·es

Conséquence des récentes vagues de froid, des ratés de la distribution du gaz russe et surtout des efforts des groupes de pression, la tentation monte, dans l’est de l’Europe, de remettre en route de vieilles centrales nucléaires cacochymes. Sans oublier l’envie industrielle d’en construire de nouvelles.
Au point que, le 18 janvier, des milliers de manifestants ont défilé à Sofia, capitale de la Bulgarie, pour réclamer la réouverture des deux réacteurs de Kozlodouï, dont la fermeture avait été obtenue par l’Union européenne pour cause d’extrême vétusté. Sur la même lancée, les Slovaques ont annoncé la prochaine remise en route de la centrale de Jaslovské Bohunice, à l’ouest du pays, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’offre pas la moindre garantie de fiabilité. L’Union européenne avait exigé son arrêt définitif. L’Autriche, qui serait aux premières loges en cas d’incident, n’apprécie guère.
En fait, en Bulgarie comme en Slovaquie, les autorités ont discrètement pris toutes les précautions techniques pour qu’un redémarrage rapide soit possible, sans se préoccuper de l’état des installations, en dépit de l’inquiétude des spécialistes.
Les mêmes tentations existent en Ukraine, où les réacteurs de Tchernobyl non touchés par l’accident de 1986 pourraient théoriquement être remis en route, des techniciens y ayant été maintenus.
Profitant aussi de la crise gazière, EDF, Areva, GDF-Suez et British Energy ont programmé pour le 10 février un colloque tout simplement intitulé « La rentrée du nucléaire », opération de relations publiques destinée, avec l’appui de l’Élysée, à accréditer l’idée qu’il faut relancer d’urgence, en Europe, un vaste programme nucléaire avant que les énergies renouvelables ne fassent leurs preuves.

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