Une oreille inattentive

Ingrid Merckx  • 15 janvier 2009 abonné·es

Pédago, Sarko ? Il faut « écouter et expliquer » , a-t-il prétendu en présentant ses vœux aux personnels de l’Éducation le 12 janvier à Saint-Lô. S’il a retenu la leçon du dialogue nécessaire, rendue très claire par la reprise des mobilisations depuis septembre, reste à la mettre en pratique. Et ce, sans rien changer à la réforme : « Je suis plus déterminé que jamais à poursuivre l’action engagée. Tous les gouvernements ont reculé […]. Eh bien, c’est un droit que je ne m’accorde pas. » C’est sur le « comment » que Nicolas Sarkozy semble prêt à mettre les formes. S’il a balayé le principal sujet de conflit, les suppressions de postes, il a confié à Richard Descoings une mission « d’analyse, de compréhension, d’écoute et de proposition » sur la réforme du lycée. Réforme précipitée et décidée sans concertation qui a fait redescendre les lycéens dans la rue le 8 janvier avant une nouvelle action prévue le 15.
Depuis décembre et les mouvements de révolte des jeunes Grecs, le gouvernement redoute un embrasement en France.

Le choix de Richard Descoings ne doit rien au hasard. Venu de la gauche, l’actuel directeur de l’Institut d’études politiques de Paris s’est fait remarquer en créant une filière dérogatoire pour les élèves issus des zones d’éducation prioritaire (ZEP). De quoi plaire au défenseur de la discrimination positive. « Ces efforts ont un sens, a justifié Nicolas Sarkozy en appuyant le plan Darcos. Ils poursuivent un unique objectif : celui de l’émancipation de chaque enfant de France par la transmission du savoir, qui passe par une réelle égalité des chances devant l’école. » Sauf que les moyens de parvenir à l’égalité ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Comment faire mieux avec moins ? interrogent les enseignants. Et où va-t-on supprimer des postes ? « Fermer des écoles rurales, supprimer l’enseignement de certaines langues vivantes et options relève du choix politique, qui doit être assumé comme tel » , s’est agacé Gérard Aschieri, de la FSU, le 12 janvier sur France Inter. Plutôt que de considérer les raisons de la contestation, Nicolas Sarkozy déplace le débat sur les « inquiétudes » des jeunes. Pour bien montrer qu’elles ont été « entendues », il a confié à Martin Hirsch, commissaire aux Solidarités actives, un nouveau commissariat à la Jeunesse, chargé d’élaborer un « pacte » entre générations. Les mobilisés réclamaient un moratoire sur les suppressions de postes avant toute chose. Comme quoi, « écouter » n’est pas synonyme d’« entendre ».

Société
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